Ce dont rêvent les Ombres, Hilda Alonso, Ed. du Chat Noir, juin 2016

Publié le par Maude Elyther

couverture par Diane Özdamar

couverture par Diane Özdamar

4ème de couverture

Blessée en secourant une fée, Ménehould se voit soignée par Éponine, la rebouteuse du village. Quelques mois plus tard, la paysanne rétablie donne naissance à Deirdre, une étrange enfant, miracle pour certains, menace pour d’autres…
Sa précieuse fille assassinée, Ménehould bascule alors dans la folie, devenant un danger pour elle et les autres.
Pour l’aider à faire son deuil, Éponine entreprend avec elle un périple inattendu, une odyssée parsemée d’obstacles, de créatures fantastiques et de rencontres, qui bouleversera le cours même de la vie.

D'une plume riche et raffinée, Hilda Alonso signe avec Ce dont rêvent les Ombres un premier roman atypique, une odyssée peuplée de créatures mythiques, emplie d'une poésie mystérieuse et fantasmagorique. Un récit qui marquera les plus aventureux d'entre vous.

Il se disait qu'au crépuscule, dans cette forêt maudite, terre de toutes les métamorphoses, les colombes se changeaient en corbeaux et les corbeaux en chauve-souris.

Hilda Alonso, Ce dont rêvent les Ombres, Ed. Du Chat Noir, juin 2016

Avant-propos

Bienvenue dans l'univers d'Hilda Alonso ! En effet, son premier roman, Ce dont rêvent les Ombres, se révèle un enchevêtrement de magie, de bestiaires fantastiques et autres mythologies, qui forme d'incomparables bulles fantasmagoriques.

Nous allons suivre Éponine, Ménehould et Tanguy à travers une quête atypique (une place pour la mère endeuillée) sur les chemins de laquelle ils vont, en outre de faire des rencontres décisives, se retrouver confrontés à nombre de créatures féeriques, tantôt ennemies tantôt amies.

Mais bien plus que cela, cette quête qui, au final, délivrera Ménehould, mènera également ses compagnons de voyage jusqu'au paroxysme de leur existence.

Mots clefs

bestiaire fantastique - magie - mythologies - quête - fantasy médiévale - métamorphoses - voyages - bulles fantasmagoriques

Elle allait, comme malgré elle, là où elle ne le voulait pas, s'abîmant au plus profond de ses peurs.

Hilda Alonso, Ce dont rêvent les Ombres, Ed. Du Chat Noir, juin 2016

Nous quittons rapidement le monde des hommes pour nous aventurer sur les territoires de ces différentes créatures magiques. Là réside pour moi toute la richesse de la plume et de l'imaginaire d'Hilda Alonso : la naissance de ces véritables bulles fantasmagoriques. Exit l'habituel bestiaire fantastique, nous découvrons des fées dont les femelles dominent les mâles, une sirène dont la mission est tout autre que d'égarer les voyageurs par son chant. Mais aussi des hamadryades, des wivernes (dragons)... Chacune de ces bulles représente une étape de plus vers le but de leur périlleuse aventure.

Les hamadryades avaient enraciné leurs mains jusqu'à elle. À son flanc, les ramifications caressaient et griffaient la chair. L'écorce de leurs lèvres se fendait : elles marmonnaient une note constante et grave comme le roulis de la mer. Leur chevelure, de longues tiges d'un vert tendre, pointaient vers le ciel comme pour les couronner. Elles achevèrent leur cérémonie par de longs sifflements.

Hilda Alonso, Ce dont rêvent les Ombres, Ed. Du Chat Noir, juin 2016

Malgré le caractère hétéroclite de tous ces peuples ou familles n'appartenant pas au genre humain, c'est un équilibre qui est ainsi bâti. Là intervient également le goût d'Hilda Alonso pour la mythologie (notamment avec Tilio et la wiverne) : le final de Ce dont rêvent les Ombres éveille l'embryon de la Création.

ex-libris

ex-libris

Au travers de leur quête, c'est notamment la vie d'Éponine que nous allons découvrir : rebouteuse, c'est sa mère qui a enseigné la magie à cette enfant de la nature indéniablement douée. Des fragments de sa vie sont ainsi dispersés au fil du voyage, pour révéler une identité générationnelle.

La nuit est un peuple qui ne vit jamais en paix et meurt un peu plus à chaque recommencement.

Hilda Alonso, Ce dont rêvent les Ombres, Ed. Du Chat Noir, juin 2016

Ce dont rêvent les Ombres possède les clefs d'une richesse atypique, aussi bien par la faune et la flore fantasmagoriques auxquelles se greffent la magie, ainsi que par cette quête impossible qui mènera du monde des hommes à ceux de la Faërie, pour arriver jusqu'à celui qui s'apparente à celui des dieux.

Et puis, la plume d'Hilda Alonso. Ici, même s'il est court (228 pages), ce roman ne se lit pas d'une traite : il faut s'imprégner des mots pour que se révèlent les métaphores. Contemplations et réflexions priment sur l'action : de nouveaux décors et personnages à chaque chapitre agrémentent la traversée des territoires de la Faërie ; ceux-ci laisseront la place à celui des mythologies.

Le voyage part des hommes, païens, marqués par l'émergence de la religion chrétienne, pour emprunter sans détour un périple à travers les forêts et autre "sylve vivante" où magie et créatures féeriques prolifèrent en un hétéroclisme qui maintient un équilibre, naturel voire mystique. Bien plus que d'accompagner Ménehould pour maintenir cet équilibre, ses compagnons seront sollicités pour rétablir un déséquilibre enclenché malgré eux suite à leur quête.

Les liens avec la nature et les animaux sont questionnés, ainsi que la mort et le deuil, l'éphémérité de la vie.

Nous ne nourrissons (…) aucun animal, pas plus que nous ne nous nourrissons d'eux. Nous ne les asservissons pas, ne les servons pas, ne les convoquons pas.

Hilda Alonso, Ce dont rêvent les Ombres, Ed. Du Chat Noir, juin 2016

Le lecteur entreprend lui aussi un voyage, un voyage réflexif, au gré d'une lecture lente : apprivoiser les mots pour se plonger dans ces bulles oniriques enchanteresses riches en métaphores.

Hilda Alonso

Hilda Alonso

J'ai particulièrement été enchantée de découvrir les faunes et les flores de ces contrées fantasmagoriques, empreintes de légendes, mysticisme et mythologies, ainsi que le caractère réflexif de cet ouvrage.

C'est une lecture qu'il faut prendre le temps de savourer, pour que la magie prenne tout son sens.

Parallèlement à cette découverte du premier roman d'Hilda Alonso, j'ai découvert l'univers d'Iris Compiet dont certaines esquisses ou aquarelles illustrant des créatures des territoires de la Faërie se révèlent une incroyable extension à Ce dont rêvent les Ombres :

Ce dont rêvent les Ombres, Hilda Alonso, Ed. du Chat Noir, juin 2016
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Publié dans chronique personnelle

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