Hélène Larbaigt, L'Étrange Cabaret des fées désenchantées, Ed. Mnémos, collection Ourobores, novembre 2014
4ème de couverture
Grouillant et grinçant, tel un concert de voix dissonantes, il s’avance... L’Étrange Cabaret, le cirque des curiosités, le spectacle de monstres chimériques, le music-hall des fées désenchantées.
Oserez-vous franchir ses lourdes tentures pourpres pour assister au plus dangereux et délicieux des spectacles ? Voyagez avec les fées de la Belle Époque, dans les cités du Vieux et du Nouveau Monde, mais méfiez-vous, le Cabaret recèle des secrets qui vous envoûteront... Que s’est-il passé dans la loge 633 que l’on dit hantée, où une fée fut assassinée ? Que cherche réellement Morte Vanité, elle qui fait errer le Cabaret à travers le monde entier ?
Dans une ambiance steampunk, Art nouveau et burlesque, Hélène Larbaigt nous livre une œuvre étonnante entre Lewis Caroll et Tim Burton.
À la fois récits, portraits et contes, ce livre dévoile 12 fées sombres et mystérieuses au travers de plus de 80 magnifiques illustrations, affiches, menus et documents facsimilés.
Helène Larbaigt nous montre son immense talent dans ce très beau livre enchanteur. Une prouesse et la révélation d’une artiste complète qu’ont immédiatement salués dans leurs préface et postface, Claudine Glot et Pierre Dubois, les deux grands spécialistes des fées.
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L'étrange cabaret des fées désenchantées, novembre 2014
Dans une ambiance steampunk, Art nouveau et burlesque, Hélène Larbaigt nous livre une œuvre étonnante entre Lewis Caroll et Tim Burton. À la fois récits, portraits et contes, ce livre révèl...
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Avant-propos
Installez-vous confortablement, une théière de thé soigneusement préparé à portée de main – vert au jasmin de préférence, quoiqu'un noir à la violette, ou mi-floral mi-fruité sauraient aussi faire leur place, au sein de ces époques passées et poussiéreuses qui vont être convoquées).
Vous êtes prêt.e.s ?
Bien, car voici que j'entends un écho lointain : la maléficiante mélopée d'un mélancolique cabaret.
En effet, L'Étrange Cabaret pose bagages. Votre âme d'enfant, d'artiste, de soupirant aux rêves étiolés vous y mènera, n'ayez crainte. Cependant, êtes-vous prêt.e.s à y mettre le prix ? Des souvenirs, une mèche de cheveux, ou bien peut-être encore plusieurs années de votre vie... ?
Quoi qu'il en soit, vous n'êtes pas ici par hasard.
Vos voyages immobiles méritent un nouveau souffle, votre cœur asséché, une étincelle de contes merveilleux où fées, déités et chimères côtoient amour et passion, mais aussi regret et amertume, avec son lot de revenants et de cœurs brisés, de métamorphoses et d'amour maudit. Des contes de fées auxquels justice a été rendu : cruel et merveilleux, dans une exquise prose désuète, savoureuse de néologismes, de rimes et de poésie, l'univers du Cabaret se déploie pour toucher à tous nos sens, ré-insuffler un peu d'énergie vitale et onirique dans notre esprit et notre cœur que, chaque jour, le quotidien réel cherche à grignoter un peu plus.
Il est temps de tourner la première page...
Mots clefs
Roman graphique – fées – déesses – sorcières – chimères – steampunk – Art Nouveau – gothique – burlesque – époque victorienne – mythologies – voyages – pays – contes – contes de fées – merveilleux – métamorphoses – amour maudit – poésie – cabaret – représentations – désenchanté – humanité – sensualité
Ce soir encore, l’Étrange Cabaret est prêt à offrir à celui qui saura payer, un rêve familier. Ce rêve premier, goulûment goûté et savamment perdu, après lequel tout homme court jusqu'à ce qu'à son tour, debout sur la scène illuminée, d'un ultime pas, il salue.
Roman graphique
Précieux objet-livre, L'Étrange Cabaret des fées désenchantées est un véritable bijou, tant sur le fond que sur la forme. Les finitions sont apportées au moindre détail. Illustratrice et autrice, Hélène Larbaigt m'a plus qu'enchantée avec cet ouvrage. Le secret de cette merveilleuse recette ? Des contes de fées et diverses mythologies, alliés à de fabuleuses illustrations, le tout agrémenté d'une plume raffinée. Le style lyrique, coloré et imagé se retrouve à chaque échelle, conférant tantôt une ambiance de boudoir, tantôt une escapade au Caire, ou encore une décadente usine de sucreries (qui n'est pas sans rappeler la chocolaterie de Willy Wonka)...
Les voyages sont à l'ordre du jour
Londres, Paris, la Suède, la Bulgarie, Prague, La Nouvelle-Orléans, Singapour, New York, l'Écosse... À chaque pays, contrée ou ville, une fée, une ancienne déesse ou encore une sorcière, est présentée, avec portrait et fiche d'identité à l'appui. Entre le temps et l'espace, Hélène Larbaigt narre leurs histoires sous la forme de contes de fées. Aussi, si l'ouvrage nous présente ainsi 12 de ces sublimes et cruelles créatures, la lecture se fait à double sens : chaque passage peut être (re)lu indépendamment les uns des autres, sans chronologie obligatoire, tout comme l'ensemble de ces histoires constitue un tout qui nous retrace l'histoire du Cabaret, jusqu'à son origine.
Désenchantement et humanité
L'on sait que Morte Vanité l'a créé, et qu'elle ne manque pas de recruter toute fée ou autre chimère rencontrée sur le chemin. Car ces créatures, autrefois adulées et aimées, craintes et respectées par les hommes, sombrent dans l'oubli et la poussière. Aussi, au sein du Cabaret, chaque soir, elles rééquilibrent la balance ; après tout, les humains cherchent cette petite étincelle qui leur fait défaut, cet émerveillement qui les a quitté lors de leur passage à l'âge adulte. L'Étrange Cabaret met bien cela en avant, le quotidien terne et vide d'un monde désenchanté. Sur la scène, les fées ne se cachent plus, elle exerce leur nature, au risque et péril des spectateurs. Ne vous y trompez pas, il n'est point fait mention ici de « gentille marraine la bonne fée » : charmeuses et cruelles, sensuelles et mélancoliques, tristes et vengeresses, les dames du Cabaret sont complexes et terriblement humaines de par leurs sentiments et leurs émotions exacerbés.
Les hommes avaient soif de merveilles. Plus encore en cette fin de siècle où elles, fées d'un autre temps, anvahissaient toujours davantage les livres, les galeries d'art et même le cinématographe. Combien d'artistes s'étaient retrouvés ici à voguer entre un rêve perdu et un cauchemar redondant ? Combien d'entre eux avaient fait le voyage retour, touchés par une émotion et un vertige si troublants, qu'ils n'avaient eu d'autres choix que de les offrir à leurs semblables ? L'humanité avait changé. Mais au sommet de sa tour de verre et d'acier Circé était restée sourde aux cris de ces mortels, qui désiraient tant les voir exister elles, filles déchues, créatures désenchantées. Demain le nouveau siècle charrierait plus de possibilités en ce merveilleux retrouvé, que de tristesse et de décrépitude. Tout était une question de choix. Et donc de renoncement.
Exquis & raffiné
L'Étrange Cabaret est le second roman graphique de Hélène Larbaigt (le premier étant L'extraordinaire après-vie d'Alice Osmont, ou Les aventures d'un goubelin en Pays de Broe, paru en 2011 aux Éditions Charles Corlet), et sa richesse mêle différents univers. Il a d'ailleurs reçu le Prix des Imaginales 2015. Historienne médiévale de formation, Hélène Larbaigt se passionne notamment pour la littérature, le dessin, l'histoire des folklores et des légendes (source), et tout cela nourrit son travail et son approche et se ressent dans son univers. Ici, vous croiserez Baba Yaga, Bast (alias Bastet), Circé, ou encore l'une des filles de la Gorgone que vous connaissez, et que vous découvrirez comme vous ne les avez jamais vues ! Parmi ces entrelacements de fées, sorcières ou déesses, de voyages et d'époques, l'illustratrice autodidacte mêle Art Nouveau, touche japonisante, gothique et burlesque, steampunk... Ses personnages aux grands yeux rappellent ceux d'un certain Tim Burton, mais avec une touche sensuelle. Le style littéraire, exquis et raffiné, comblera les lecteurs exigeants.
Sensoriel
De plus, l'alliage des illustrations et des écrits renforce l'intrigue, par sa cohérence autant que les sensations rehaussées. Tout cela convoque en effet l'imaginaire de nos 5 sens. Ne reconnait-on pas Morte Vanité rien qu'au parfum de violette de ses bottines vertes ? Comment ne pas saliver face au menu du restaurant saisonnier Chez Greta ? Ou encore ne pas sentir sous ses doigts les tissus des costumes, des tentures, ou la texture des cartes du tarot ou du plumage des chouettes hurluberlues des sœurs du Tarot ? Tant de bruits, de musiques et de chants résonnent au sein du Cabaret, et nos mirettes de rêveur, d'enfant, ne peuvent être que comblées face à l'opulence de cet univers chatoyant, coloré, féerique, à la beauté insane. L'immersion se fait également via les pages saupoudrées de tickets, de bons, du menu du restaurant, du programme de différentes époques, le tout avec quelques anecdotes (comme celle de la loge hantée).
Aves ses cheminées de brique rouge et son portail de fer noir, la Lebkuchen Factory cristallisait les rêves et les peurs de générations d'enfants friands de vagabondage au pays des fruits confits.
Notre sensibilité d'émerveillé.e
Quel que soit notre âge, le folklore auquel nous sommes sensibles, certaines histoires sont à même de toucher à notre imaginaire personnel, à notre âme d'enfant. Et certains ouvrages montrent que nous sommes toujours sensibles à la magie, aux contes de fées, L'Étrange Cabaret est de ceux-là. Les contes et la magie sont des items universels qui ne nous quittent pas, comme le pense d'ailleurs Circé. Des histoires avant de dormir pour les petits aux romans qui suivront, des films aux dessins animés, des bandes dessinées aux autres illustrations, etc, ces univers ont été déclinés, remaniés, manquant par moment d'innovation, mais ils demeurent bel et bien présents dans notre quotidien. Ici, Hélène Larbaigt module avec minutie diverses fées et sorcières, et même dieux antiques, s'appropriant leur personnages pour mieux les réorchestrer et nous offrir un délectable roman graphique. Vous aussi venez savourer cette lecture, plonger dans ces contes qui vous feront rêver, sourire, comme ils vous émerveilleront et vous effrayeront un peu peut-être par moment.
Le dieu primitif, déconcertant d'élégance dans son costume hollywoodien, lui sourit, la salua du bord de son chapeau et s'effaça dans une bourrasque sablonneuse soufflée par le vent tiède du Sahara. Juste avant de rétorquer d'une voix grave et railleusse
« Moi cette solitude, ma chère, je l'ai choisie.
Ainsi débutèrent les amours légendaires du grand Cham et de la fée d'Égypte, sans plus de discours et nulle autre cérémonie.
Dès ce jour, les deux félins se retrouvèrent souventefois dans la clarté vespérale, pour converser face à la scène du matin affleurant. Parce qu'il voyait la fée aux rêves rompus et non l'antique déesse qui avait chu, parce qu'aucune minauderie doucereuse ni une quelconque bonhomie trompeuse ne parvenait à amadouer la bête féroce tapie au fond de lui, parce que nul ne semblait pouvoir apprivoiser le coeur du lion pérégrin, Bast s'éprit éperdument de Cham le magnifique. Parce qu'elle était obstinément insoumise, parce que son outrecuidance masquait malaisément la douce gardienne du foyer, parce qu'en dépit de sa condescendance, elle semblait aussi esseulée qu'il l'était, l'homme-lion aima passionnément la chatte faite fée.
Vie et magie
J'ai pris grand plaisir à découvrir chaque page, illustration, conte et détail que renferment les pages de cet écrin. S'il peut aisément se savourer conte par conte, j'avoue l'avoir dévoré en deux après-midis, tant j'étais immergée dans cet univers merveilleux duquel je ne voulais plus sortir. Si je devais citer mes personnages préférés du Cabaret, je nommerais Rosie la Veuve noire, Lussi la Blanche-Dormante et Bast Myeou Mehenyt. Pourtant j'ai adoré chacune des protagonistes présentées, bien que de façon différente puisqu'elles ne convoquent pas les mêmes personnalités, lieux et ambiances. Les récits évoquent les mœurs et les croyances des pays dans lesquels ils se déroulent : tantôt vampirisme avec des offrandes, tantôt romantisme interdit pour l'histoire d'amour d'une sorcière, ou encore célébration des morts à la Nouvelle-Orléans, L'Étrange Cabaret est plein de vie. Et c'est bien pour cela que les fées désenchantées continuent leurs spectacles : pour vivre et continuer à faire vivre la magie.
Parce qu'elle était fille de fée, d'un tour de clef elle déployait l’Étrange Cabaret. Parce qu'elle était fille d'ogre elle traquait les âmes espérantes sans pitié ni répit. Et parce qu'elle était humaine avant tout, courant à propre perte, jamais elle ne put repecter l'interdit.
Pour conclure
Vous l'aurez compris, j'ai eu un coup de cœur pour ce roman graphique ! Il faut dire que tout est de qualité dans cet ouvrage :
le texte et les illustrations
la mise en page et chaque détail apporté
Et puis les items ne peuvent que combler les lecteurs exigeants en quête de contes et de merveilleux :
contes de fées, mythologies et magie
sublimes et cruelles créatures
complexité et humanité
voyages sensoriels et intellectuels
fatalité
mais aussi :
steampunk, art japonisant, Art Nouveau, gothique et burlesque...
Je souligne également que :
les illustrations sont réalisées à la main
pas de numérique
Alors, que seriez-vous donc prêts à céder pour que, l'espace d'une soirée, le voile entre les mondes soit levé, pour découvrir le plus terrifiant des écrins, pour que sous vos yeux égarés, s'ouvrent enfin, les portes de l’Étrange Cabaret ?
" L'écriture tout à la fois poétique et burlesque, nous entraîne, comme une valse, à la suite des habitantes aux visages familiers " Posté dans Tagué Echos de la presse, Gazette des actualit...
le blog de Hélène Larbaigt
Plus d'infos :
Hélène Larbaigt réalise également des illustrations pour des affiches de festivals (la dernière en date étant celle des Halliennales 2018), mais aussi pour des couvertures (comme celle de l'anthologie des Imaginales 2016 : Fées et Automates), ou encore pour des groupes de musique.
Elle a réalisé mon logo d'autrice.
Outre son premier roman graphique, Les aventures d'un goubelin en Pays de Broe (voir couverture et synopsis ci-dessous), vous pouvez retrouver sa plume avec sa nouvelle Pied d'ombre, parue dans l'anthologie des Imaginales 2018, Créatures.
J'avais entendu bien des choses sur le paradis et l'enfer. Et j'avais toujours pensé que si je venais à mourir (et que finalement Dieu existait), je visiterais certainement l'un et l'autre avant de décider où poser mes valises.
Mais la vie n'est jamais comme on l'imagine. Surtout quand elle es t finie.
Et jamais, non jamais, je n'aurais pensé me retrouver là !
Tout a commencé lorsque j'eus la stupide idée de mourir (oui je sais, hélas).
Pour terminer, voici un extrait du roman Les Tangences Divines de Franck Ferric, publié aux défuntes Éditions du Riez, dont l'univers me fait penser sous certains aspects à L'Étrange Cabaret des fées désenchantées :
(…) Que demain, lorsque la nuit sera fatiguée et que le cirque aura repris la route, le clown renaîtra. Pareil au matin. Pareil aux chants des enfants. Pareil au printemps. Et qu’ailleurs, il rejouera cette farce qu’il joue depuis la nuit des temps aux tables des rois, dans les salons des nantis ou sur les trottoirs des faubourgs. Pour leur dire à quel point la vie d’homme n’est qu’une cruelle plaisanterie qui ne mérite rien d’autre qu’un grand éclat de rire peint en travers du visage.