Valérie Simon, Coup d'État - tome 1 La Reine des Esprits, Éditions ActuSF, collection Naos, mars 2019
illustration de couverture par Benjamin "Zariel" Chaignon
4ème de couverture
Après plusieurs années d’exil, la princesse Alia est de retour dans son palais où l'attend son père. Les retrouvailles s'annoncent explosives. L'adolescente est furieuse contre lui. Pourquoi, après la mort de sa mère, l'a-t-il envoyée encore enfant loin de sa seule famille chez les Initiées du Denaia, un ordre de femmes puissantes et influentes dans le royaume d'Alsybeen ? Victime d'une tentative meurtre dès son arrivée, elle doit en plus lutter pour sa vie. Qui lui en veut ? Et est-ce que tout cela aurait à voir avec le Cristal, cette précieuse source d'énergie détenue par son royaume ?
Autrice de fantasy (Arkem, la pierre des ténèbres, La Captive des hommes de bronze, Cœurs à corps...), Valérie Simon propose une saga passionnante dans laquelle le destin de son héroïne se mêle de politique et d'économie.
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Après plusieurs années d'exil, la princesse Alia est de retour dans son palais où l'attend son père. Les retrouvailles s'annoncent explosives. L'adolescente est furieuse contre lui. Pourquoi, a...
Avant-propos
Je remercie chaleureusement Jérôme Vincent et les Éditions ActuSF pour l'envoi de ce service presse !
Coup d'Etat - Tome 1 : La Reine des Esprits, de Valérie Simon connaît ici une renaissance, puisqu'il a été édité auparavant aux feux Editions du Riez. Nouvelle couverture, nouvelle mise en page pour cette fantasy féminine romanesque ! Ce premier tome à l'univers riche nous entraîne dans un panorama où flore et faune, intrigue et complot, politique et économie, amitié et sensualité, combat et royaume prennent vie sous une plume romanesque.
Mots clefs
fantasy - politique - économie - romance - romanesque - complot - don - cristal - lézards - combats - contrebandiers - héritière - sensualité - princesse - royaume - gastronomie - flore - bestiaire - diptyque - destin - young adult - high fantasy
Resté seul, Rémo Than se tourna vers les trois canis qui guettaient ses moindres faits et gestes. Ces bêtes-là étaient, comme les chiens, d'une fidélité à toute épreuve. Aucune forme de trahison n'existait en leur cœur, uniquement la volonté d'être constamment le plus fort et le plus agile. Le Rauthan les appela d'un claquement de doigts. Aussitôt, les reptiles se précipitèrent vers lui, grognant et bataillant entre eux pour obtenir en premier ses faveurs. Il les caressa longuement. Les corps musculeux, les écailles soyeuses, lisses comme de l'obsidienne, étaient sous ses paumes un baume à toutes ses vicissitudes.
Fantasy romanesque et héroïne badass
En commençant la lecture de Coup d'État, j'ai d'abord été marquée par la plume de l'auteure. Elle propose en effet une richesse sous un angle romanesque. S'il s'agit avant tout de high fantasy, l'univers dépeint se distingue également par son côté exotique, avec ses contrées sauvages et ses reptiles qui font office de montures, de chiens de chasse ou encore d'oiseaux messagers. Le style participe à ce monde à travers les descriptions mais aussi le lexique : les décors et les senteurs prennent vie sous la plume enchanteresse de Valérie Simon. Sous fond d'intrigues politiques et économiques, Alia, jeune héritière revient dans son royaume après un exil de dix ans.
Si cet exil devait avant tout la protéger, pour quelle raison son père l'a-t-il envoyée chez les Initiées du Denaia, ordre féminin qui représente la première menace pour la princesse ? À peine Alia a-t-elle posé le pied au palais qu'une tentative d'assassinat sur sa personne se déroule. Bien qu'éduquée selon le Denaia, la jeune fille, qui aura bientôt dix-sept ans, n'est pas entièrement rentrée dans le moule qui lui était destiné. À la fois jolie et badass avec un caractère bien trempé, Alia pourra-t-elle également compter sur le don qui s'est éveillé en elle, pour faire face aux différentes menaces qui l'encerclent ?
Elle se tenait raide et immobile, les joues mouillées de ses sanglots. Bouleversé, Soth Shoddam tendit la main et attrapa sur ses doigts une larme aussi brillante que du Cristal.
Alia sentit la main de son père glisser lentement sur sa joue.
Elle se dit qu'elle aurait voulu refuser cette tendresse. Hurler qu'il avait tort, qu'il était trop tard, maintenant et à jamais, mais elle vit le visage de son père se nimber de brouillard et, autour d'elle, l'eau gelée, les buissons environnants, les plus proches murs du palais devenir pâles et flous. Une uniformité grise noya les moindres détails du paysage, amenant une sorte de vertige intérieur qui la fit se sentir différente. Elle n'était plus elle-même. Elle se regardait crier. Elle caressait ses joues, mais ce n'étaient pas ses mains.
Roman choral
Coup d'État ne s'attache pas uniquement à suivre son héroïne, Alia, en effet Valérie Simon propose ici un roman choral. Aussi nous suivons plusieurs personnages, nous apercevons plusieurs protagonistes, plusieurs enjeux des différent.e.s intrigues/complots qui se trament contre le royaume d'Alsybeen. Alsybeen qui est indépendant de l'Empire et fort économiquement comme il détient le cristal, cette matière récoltée depuis la mer (le réalah-chaad) avant d'être transformée et utilisée dans diverses activités (architecture et véhicules notamment). Ainsi Alsybeen est jalousée et convoitée pour son savoir faire comme dans Angélique [œuvre littéraire d'Anne Golon ; je précise toutefois que jusqu'à aujourd'hui je n'ai vu que la série de films qui a été adaptée des romans], Joffrey de Peyrac l'est, jusqu'au Roy, pour sa richesse car il connaît l'alchimie au point de créer de l'or.
Si bien sûr les Initiées denaia convoitent ce contrôle et donc davantage de puissance, la matriarche compte manipuler l'Empereur, de même que son fils qui, contre toute attente, comprend son jeu. Puis, il y a aussi un seigneur qui cherche vengeance, sa fiancée en ayant aimé et épousé un autre. Là encore une Initiée denaia le manipule à leur cause, or il voit autrement sa revanche. Nous suivons également un mercenaire qui ne se sépare que très rarement de sa chimère, animal géant et redoutable. Il s'engagera malgré lui pour démêler un des complots, à la mémoire de son mentor et ami.
— Est-ce donc réel ?
— À Rauthan, tout est toujours réel. Tu devrais savoir que chaque légende possède une part de vérité, ancrée dans la réalité, expliqua la vieille Initiée. N'est-ce pas pertinent d'y voir l'anagogie de toute notre vie ?
Sensualité
Ce premier tome s'articule davantage sur les notions d'intrigues et d'économie (avec le cristal) que sur des scènes épiques, bien que la fin du roman accueille des combats. C'est dans cette ambiance que glissent les Initiées du Denaia. Je ne me suis pas trompée en écrivant fantasy féminine plutôt que féministe. En effet, Valérie Simon instaure la sensualité en tant qu'arme des femmes. Pour autant, elles ne livrent par leurs corps à tout bout de champ (à une exception près), cela n'est pas contre leur volonté et s'apparente davantage à une arme puisqu'elles créent un lien avec un homme (un seigneur par exemple) pour le manipuler selon les desseins du Denaia. Aussi elles sont des concubines, placées auprès d'hommes d'influence, hommes faibles face à leur beauté quasi surnaturelle, à leur caractère réflexif, car elles participent aux conversations politiques en apportant d'autres idées. Quelques scènes intimes ponctuent d'ailleurs le roman, ce qui détonne pour une œuvre de young adult. Mais après tout, la collection Naos modernise le genre en proposant des livres qui prennent les jeunes adultes au sérieux et permettent de développer des réflexions sur des sujets étendus.
Ils se prirent par les yeux. Ils avaient, l'un et l'autre, le désir de renouer avec cette tendresse et cette complicité passées. Ces souvenirs qui remontaient de leur enfance commune et dont ils percevaient, dans l'intensité du moment présent, la possible renaissance.
Meker fut cependant le premier à prendre conscience de leur différence. Alia était une future reine et lui, seulement son fidèle vassale. Les instants charmants qu'ils partageaient étaient des leurres, car le temps de l'enfance était irrémédiablement révolu.
Oppressé par cette certitude qui malmenait ses vœux les plus secrets (…). L'instant de grâce était passé. À côté de lui, Alia respirait pesamment. Le présent s'imposait, saturé de tristesse et d'amertume. Rien ne serait jamais plus comme avant.
Les personnages
Dans cet univers romanesque à la sensualité prégnante, Valérie Simon se fait plaisir avec des scènes de duels à l'épée et de séduction. L'amour et l'amitié sont abordés sous un angle qui les confond parfois (je pense notamment au capitaine garde du corps d'Alia). Dans ce contexte d'intrigues et de menaces à son encontre, elle ne peut facilement donner sa confiance, pourtant elle se lie rapidement avec Arezu, sa jeune servante, et, grâce à son don, sait qu'elle peut dompter sur le capitaine Meker. Malgré tout, sa situation est précaire : de retour dans son royaume après une décennie, elle en veut toujours à son père le Roi d'Elsybeen. D'autant plus que pour la protéger, il a tendance à la mettre à l'écart. Et puis elle rencontrera Javier, le mercenaire accompagné de sa monstrueuse chimère. C'est un jeu de séduction et un perpétuel duel qui s'établit entre ces deux personnages. La tension entre eux ravira les amateurs de romance, même si dans ce premier opus ils ne font que se tourner autour.
Ce roman choral nous fait donc passer d'un personnage à l'autre, mais aussi d'Elsybeen au palais de l'empereur, comme dans les tavernes ou les toits de la ville, ou encore dans des paysages sauvages. Malgré ces deux amis, Alia ne leur confie pas le don qui s'est éveillé en elle, don qu'elle voit d'ailleurs davantage comme une malédiction. Si le fils de l'empereur lui fait une proposition visant à la sortir de tout danger, son excursion en solitaire suite à une nouvelle tentative de mort à son encontre, l'amènera à trouver de nouveaux éléments lors de sa rencontre avec un vieil ermite. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé découvrir ainsi différentes facettes de l'univers que Valérie Simon nous propose. Surtout que par exemple suivre le personnage de Néralie, la concubine du Roi d'Elsybeen permet de faire un parallèle entre elle et Alia, Alia qui refuse de ressembler aux Initiées du Denaia, bien qu'elle ait appris à maîtriser toutes leurs armes (que ce soit le combat ou la séduction).
Durant plusieurs kilomètres, le tréhorn longea la mer en emmenant sa cavalière jusqu'au falaise de Myor. Des demeures troglodytes y avaient un jour été creusées pour permettre aux Télessiens de s'abriter des impitoyables tempêtes qui s'abattaient parfois lors des grandes marées d'équinoxe. Là, et seulement là, l'animal commença à donner des signes de fatigue. Il ralentit considérablement son allure et finit par arrêter sa folle cavalcade.
Alia, les muscles endoloris, se laissa glisser de la selle. Le vent soufflait en rafales de la mer toute proche. Il s'engouffrait dans sa pelisse. Elle resserra les bras autour de son buste, avança de quelques pas en titubant de fatigue et de tension nerveuse. À côté d'elle, le tréhorn noir tremblait de tous ses membres. Elle posa une main sur son échine et caressa lentement les écailles gonflées par un sang tumultueux. Le reptile tourna la tête pour la regarder. Leurs esprits se mêlèrent et, presque sans aucune transition, le regard de l'animal redevint calme.
Alia attira sa tête vers elle. Le mufle vint renifler sa joue, descendit s'enfouir dans son giron. Ils restèrent longuement ainsi, serrés l'un contre l'autre, à bout de force. La bise sifflait à leurs oreilles, le ressac tout proche donnait au sang battant dans leur cœur un rythme hypnotique.
Pour conclure
Valérie Simon nous propose avec Coup d'État un premier tome qui ravira les amateurs de complots et d'intrigues, d'univers de high fantasy exotique, mais aussi ceux de romance, de duel à l'épée. Alia, personnage complexe au sale caractère, jongle entre sa vie de famille quasi inexistante (son père, le Roi d'Elsybeen), sa survie (car malgré la présence d'un garde du corps, elle est du genre à le semer et affronte de ce fait plusieurs dangers), mais aussi sur la voie de l'âge adulte. En effet, elle refuse de ressembler aux Initiées du Denaia, qui l'ont au demeurant éduquée pendant dix ans. Cependant, ne lui faudra-t-il pas concilier un peu de cette éducation pour pouvoir s'en sortir et grandir en réflexivité ?
L'auteure nous propose avec ce premier opus de La Reine des Esprits un univers de fantasy exotique (avec ses lézards, le réalah-chaad vecteur de l'économie, mais aussi avec ses nombreux personnages à la physionomie très avenante) notamment marqué par son côté romanesque et la sensualité des Initiées du Denaia, digne des Contes des Mille et une Nuits. Il y a également un peu d'Angélique avec les jalousies envers le royaume détendeur du cristal, un peu de romance et de scènes de cape et d'épée. Valérie Simon distille également ses passions pour la faune (surtout avec la création d'un bestiaire reptilien) et la flore, la gastronomie.
La plume de l'auteure s'équilibre entre les descriptions, la présentation des personnages, les scènes de complots politiques, les sentiments de son héroïne, les scènes de duel et de combats etc, le tout organisé en un roman choral qui permet de prendre en compte différentes pièces de l'univers mis en place. Les chapitres nous tiennent en haleine car nous voulons toujours en savoir plus à chaque chapitre. Les rouages se mettent en place jusqu'au déclenchement final qui bouleverse tout et s'achève sur un cliffhanger très réussi, éparpillant les personnages vers un destin incertain.
Petit plus : la présentation auteure sur le site de ActuSF
Romancière pleine de Fantasy et nouvelliste Fantastique, Valérie SIMON propose des univers flirtant avec les légendes, remplis de créatures improbables aux dents généreuses, d’héroïnes avec un sale caractère, de guerriers physiquement bien tournés, le tout pimenté d’amour et de sensualité. Dans la vraie vie, Valérie est une fleur bleue au cœur de guimauve fascinée par les plantes carnivores, les prédateurs de tous poils et… la pâtisserie. Elle aime marcher dans les grands espaces naturels et possède une curiosité insatiable qui l’attire souvent du côté obscur de la Force. Sa tortue s’appelle Dracula, elle a peur du noir. Véridique. (source)
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