Novae, Élisabeth Ebory, Éditions Griffe d’Encre, 2011
4ème de couverture
Alwaïd, petite fille de bonne famille, désobéissante, crache du feu sur une plage et aperçoit au fond des flammes une vision fugace… Sous le regard implacable de sa mère, protégée comme un bibelot, Alwaïd grandira, s’échappant en rêve de sa prison bourgeoise.
Aphélie, étoile errante volée à la nuit, rencontre Vincent, le peintre. Séduit par le mystère de son silence, il l’invite à devenir son modèle. Elle posera pour lui, assaillie par ses souvenirs, tourmentée par les ténèbres qui la guettent.
Rien ne lie les deux jeunes femmes.
A priori.
Mots clefs
novella - magie - onirisme - visions - fantastique - oriental - démons - destinée
Mon retour lecture
Moi qui ai adoré le premier roman d’Élisabeth Ebory, La Fée, la pie et le printemps, j’ai été plus que ravie de sortir de ma bibliothèque Novae, une novella que je n’avais pas encore lue.
Avec Novae, Élisabeth Ebory tisse un onirisme à la fois cosmique et intime. Le texte tout en profondeur nous happe dès les premiers mots, le réel s’effrite d’emblée sous nous. L’auteure brouille les pistes (notamment l’époque), si bien que nous voilà dérivant dans cet onirisme éminemment poétique et personnel de cet univers. Car il s’agit avant tout de cela, d’un univers, que façonne cette novella. Un désert et ses ombres tranchantes, l’atelier encombré d’un peintre, la mer, une maison bourgeoise et sa porte dérobée dans le jardin, un port, une école pour femmes… Tout cela arbore des teintes étranges, des taches de lumière tel un kaléidoscope, ou bien le silence, le retrait.
Quête d’identité ou fuite, voilà ce que raconte Novae, en la personne de deux jeunes femmes que rien ne semble relier. Et pourtant… Voilà toute la magie, l’identité, le don qui saturent cet univers bouleversant et poignant. Impossible de lâcher la lecture, lecteurs ensorcelés par la musique des mots, la beauté de la poésie, la fascination pour ce monde à la fois familier et étranger.
Alwaïd, enfermée dans sa tour d’ivoire par ses parents, surveillée par Charles, a soif du monde et de liberté. Elle voit le monde interféré par ses visions. Son don est réprimé, pour quelle raison ? la protéger ?
Quant à Aphélie, elle a fui, jusqu’à atteindre ce village en bordure de mer où elle rencontre Vincent, un peintre dont elle devient le Muse. Elle ne parle pas ; sa voix vient des ombres dans les flammes, sa voix est destruction.
Leurs visions du monde chavirent, donnent le vertige, angoissent, émerveillent, stupéfient… La réalité s’effrite, l’onirisme s’épanouit alors, tel un phénix renaissant de ses cendres. Ici la magie se teinte à l’oriental, convoque des démons du désert, des démons intérieurs, le tout en une litanie de vie/de liberté ou bien de fuite. Alwaïd et Aphélie, comme deux facettes, deux mondes, deux destinés distinctes qui vont se faire écho… et se rejoindre.
J’avais déjà parlé de la plume d’Élisabeth Ebory à travers ma chronique de son roman La fée, la pie et le printemps, faisant notamment un parallèle avec une autrice phare à mes yeux : Léa Silhol. Pour Novae, la plume d’Élisabeth Ebory est tout simplement magistrale, nul doute qu’elle tient là un merveilleux don ! Tout comme lors de ma lecture de Comment le dire à la Nuit de Vincent Tassy (que je vous invite plus que fortement à découvrir : ses textes sont pour moi d’énormes coups de cœur), j’ai eu ici le sentiment de vivre un rêve éveillé, bercée, ensorcelée, émerveillée par cette novella. Novae a vraiment été pour moi un plongeon dans l’univers de l’autrice, à la fin et même encore maintenant, quelques semaines après la lecture, il me reste les sensations et ressentis des atmosphères, le bercement de ce surnaturel oriental, l’empreinte de cette magie onirique… Je la relirai avec grand plaisir !
Vous l’aurez compris, cette nouvelle lecture d’Élisabeth Ebory confirme mon sentiment suite à La fée, la pie et le printemps : voici une nouvelle autrice chouchou sur ma liste !