Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Publié le par Maude Elyther

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Bonjour à vous !

J'ai le plaisir de vous proposer une nouvelle interview d'auteur, avec Saintclair HJ pour sa première publication, Le Respir, une novella qui est parue il y a quelques jours aux Éditions du Chat Noir.

Une novella qui ne pourra que ravir les âmes gothiques éprises des atmosphères grises et aqueuses des cimetières sous la pluie.

Le Respir en quelques mots :

Pierre est fasciné par son professeur de littérature qui ne respire pas. Enquêtant avec son amie Claire, ils pénètrent un peu plus dans le Paris mystique, avec ses cimetières (le Père Lachaise notamment) et cette étrange cérémonie à laquelle ils participeront. Tandis que Claire tente de lui faire entendre raison, Pierre s’obstine et développe une obsédante fascination pour son professeur, car n’est-ce pas son fantasme le plus profond qui prend vie ?

(Re)découvrez ma chronique :

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Maude Elyther : Bonjour à toi et merci d’avoir accepté de répondre à mes questions ! Le Respir est ta première publication : encore félicitations 😊 Dans un premier temps, peux-tu te présenter ? nous dire comment tu en es venu à l’écriture ?

Saintclair HJ : Tout d’abord, merci beaucoup pour ta gentillesse et tes encouragements. Je m’appelle Jérôme et je suis professeur de chinois et d’anglais au collège et au lycée. Je suis né à Sète et je reste profondément imprégné de tout ce que ma ville représente, ce petit port méditerranéen façonné par la culture italienne, faiseur de poètes et d’artistes (Paul Valéry, Georges Brassens…). Je suis comme ma ville : ouvert sur l’étendue de la mer. Depuis tout petit, deux passions m’animent : les voyages et la littérature, car tous deux participent de la découverte et de la connaissance du monde. Déjà à l’école primaire, j’écrivais des feuilletons policiers que l’institutrice distribuait tous les lundis à la classe !

Le nom de plume de Saintclair HJ est un hommage à ma ville : c’est sur la pente du Mont Saint-Clair qu’est creusé le cimetière marin célébré par Paul Valéry.

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Maude : Avec Le Respir, tu nous proposes une novella de fantastique gothique classique, toutefois, tu y traites non d’un vampire, comme on pourrait s’y attendre, mais d’un respir. Comment est née cette figure ?

Saintclair HJ : Lorsque j’écris, j’ai rarement un récit en tête. Les personnages apparaissent en premier dans une situation donnée que je décris, puis mon imagination les suit plutôt que l’inverse. Cela peut paraître hautain ou déroutant, mais je ne prépare jamais en amont la trame de mes romans. C’est un peu comme si l’histoire existait déjà « quelque part » et que mon imagination la captait. Ainsi, le mot « respir » m’est venu soudainement, avec sa définition.

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Maude : Ton récit est riche en lieux mystiques, en références historiques, architecturales comme littéraires. Quelles ont été tes principales inspirations ? Et dans quelles mesures ont-elles façonné ton univers ?

Saintclair HJ : Tout d’abord, certaines références sont purement imaginaires : l’imagination revendique le droit à la fiction, sinon elle étouffe. Mon roman n’a donc rien d’encyclopédique. Ceci dit, je reste marqué par les univers gothiques depuis mon enfance, qu’ils soient issus du cinéma (Beetlejuice, la Famille Addams, Hocus Pocus, Fantôme contre Fantôme, Dracula, Batman Returns…) ou de la littérature (depuis les romans d’horreur du CDI du collège jusqu’à Bram Stoker, Mary Shelley, Lovecraft et Edgar Allan Poe). J’ai été façonné par le gothisme romantique et le steampunk. Une image m’a toujours suivi, celle du manoir victorien qui cache tout un univers.

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Maude : Je salue ta plume ciselée, littéraire : une véritable narration en prose ! Tu nous entraînes dans l’âme gothique de Pierre où s’enracine une profonde fascination pour la mort (thanatophilie). As-tu rencontré des difficultés, des questionnements en particulier, pour écrire sur ce sujet ?

Saintclair HJ : Je te remercie sincèrement pour tes compliments. En réalité, je n’ai pas tant rencontré de difficultés ou de questionnements dans la narration. Je pense toutefois que si le récit est issu de mon imagination, c’est qu’il reflète donc une partie de mon être. C’est donc plutôt à la relecture du roman terminé que je me suis rendu compte que j’accordais au macabre un romantisme particulier. Mais c’est le propre des gothiques romantiques !

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Maude : L’on oscille entre cette fascination macabre et l’évidente névrose de Pierre : du pur fantastique. Néanmoins, il me semble que ton discours va plus loin, si M. Aubespin incarne un fantasme « vivant » pour le narrateur, cette apparition ne rime-t-elle pas avec échappatoire ? À travers la solitude de Pierre, M. Aubespin n’apparaît-il pas comme un espoir pour le jeune homme, une prise sur le monde, sur son quotidien (car il sait communiquer avec lui) ?

Saintclair HJ : Exactement. Pierre recherche la mort, et associe à tort cette quête à une pensée suicidaire. Or, il cherche réellement une échappatoire à la solitude. Il est complètement choqué d’être poussé aux marges de sa société (le lycée, ou même sur une plus grande échelle, Paris) sur des motifs purement arbitraires. Il appelle la mort parce qu’il ne sait pas donner de nom à la liberté. Il se sent mis aux fers en toute injustice par des fanatiques de la norme. Pour les autres, sa différence n'est pas une identité mais une infirmité. Avec la violence qui lui est propre, la société ne perd pas de temps : on préfère le gommer avec son infirmité. Ce sont donc les autres qui le condamnent à l’invisibilité, et non pas lui qui s’y enferme. Au milieu de ce tribunal médiéval en plein XXIème siècle, M. Aubespin arrive en classe comme la Mort qui s’invite enfin dans sa vie : « Ne me cherche plus, je viens à toi. Je te vois, tu ne m’es pas transparent. » Pierre veut M. Aubespin parce qu’il souhaite la mort, et il souhaite la mort parce qu’il la confond avec la libération du carcan de la société.

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Maude : Ta novella se déroule à Paris, rendant hommage à son mysticisme, notamment via le cimetière du Père Lachaise. T’y es-tu toi-même promené : les tombes que l’on voit dans Le Respir existent-elles vraiment ?

Saintclair HJ : Bien sûr ! Je fais partie de ces gens qui voient le cimetière comme un parc rendant hommage aux défunts et à la mort elle-même. J’ai passé trois années à Paris pour mes études, et je me promenais souvent au Père Lachaise. Par contre, par respect pour autrui et par amour pour l’imagination, toutes les tombes décrites sont purement fictives.

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Maude : Pour finir, travailles-tu sur un nouveau projet, ou as-tu de futurs projets de prévu ?

Saintclair HJ : J’ai terminé les manuscrits de trois romans gothiques, trois romans de géographie imaginaire, un roman de voyage, un roman policier et un roman historique. Je suis en train d’écrire un roman fantastique dans un univers imaginaire.

Le Respir est mon premier roman publié, et j’espère qu’avec le temps, des amis lecteurs pourront se plonger dans les mondes de ces histoires particulières !

Interview : Saintclair HJ pour "Le Respir"

Publié dans interview auteurices

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article