Carambolla, Tome 1 : Sang Noir, Emiliano Tanzillo & Barbara Baraldi, Éditions Soleil, 26 octobre 2022

Publié le par Maude Elyther

illustration de couverture par Emiliano Tanzillo

illustration de couverture par Emiliano Tanzillo

4ème de couverture

« L’océan ne peut être arrêté. Il érode les berges, il transforme la pierre et un jour, lorsque le vent sera assez fort, il inondera toute chose. Une mer de sang noir. »

Autrefois, les habitants de l’île de Carambolla prospéraient en équilibre avec les lois de la nature. Puis l’avidité d’un tyran a rompu toute harmonie, mettant en danger l’existence de l’arbre Sacré, dont les fruits sont la plus précieuse des ressources. Tandis que Guei Rose et les milices des Désobéissants organisent la révolution, l’arrivée d’un mystérieux naufragé, Marec, semble être le prélude d’une nouvelle catastrophe. Au-dessus de tout cela, plane une mystérieuse prophétie : le sommeil de la Dormeuse est sur le point d’être interrompu, qu’est-ce que cela signifie ?

Avant-propos

Ai-je craqué uniquement face à la couverture et à l’aperçu de quelques illustrations intérieures en voyant passer cette bande dessinée ? Oui. L’ai-je lu sans avoir lu la 4ème de couverture ? Oui. L’ai-je adoré, comme pressenti ? Oui.

En ce qui concerne les bandes dessinées, il faut que j’accroche dans un premier temps au style des illustrations. Trop souvent je me fais avoir en aimant la couverture pour découvrir que ce n’est pas lae même illustrateurice pour l’intérieur. Ici, pas de mauvaise surprise de ce côté : Emiliano Tanzillo est aux commandes de A à Z, de l’idée au scénario, en passant par le dessin et les couleurs. Aussi vous retrouverez la même qualité d’illustration de la couverture dans l’ensemble de l’ouvrage. Côté scénario, Emiliano Tanzillo a collaboré avec Barbara Baraldi, qui a également écrit le texte du "Livre de la Gardienne" qui découpe le récit.

Je vous laisse en découvrir plus ci-dessous !

Mots clefs

Bande dessinée – fantasy – onirique – prophétie – rapport à la nature – tyran – révolution – magie – animaux marins – mer – île – axolotl – arbre anthropomorphe

Carambolla, Tome 1 : Sang Noir, Emiliano Tanzillo & Barbara Baraldi, Éditions Soleil, 26 octobre 2022

Mon retour

Introduction

Dès la couverture et les premières pages, le graphisme d’Emiliano Tanzillo m’a complètement happée. Malgré la palette restreinte de teintes, ses dessins fourmillent de détails et de nuances, aussi visuellement, j’ai plongé dans cet univers inconnu, comme l’on plonge dans un roman de fantasy. Inconnu car je n’avais pas lu le synopsis avant de découvrir la bande dessinée, et aussi parce que je ne connaissais pas encore le travail d’Emiliano Tanzillo.

D’emblée, la mer est présente : les vagues et les rochers, les bateaux, les personnages qui portent des chapeaux-coquillages. Nous accostons à Carambolla avec un mystérieux naufragé, qui va avoir pour compagnon un axolotl-l’hermite. C’est un étranger qui est muet et découvre l’île en proie à une révolution. En effet, Carambolla est gouvernée par un tyran qui se réserve le meilleur de la pêche au détriment du peuple. Autrefois, l’harmonie régnait avec la nature. Aujourd’hui, les abyssaux, êtres humanoïdes-marins, sont traités comme des esclaves, et le roi Uthman s’est approprié la plus précieuse ressource de l’île : les fruits roses de l’arbre Sacré.

Plusieurs points de vue

Les points de vue de plusieurs personnages s’entremêlent, ce qui au fil des pages peint une vision d’ensemble de l’univers et de l’intrigue. Marec, le naufragé, est témoin du lancement de la révolution, le mouvement des Désobéissants et rencontre Guei Rose qui fait partie de cette milice. Marec est muet, et semble amnésique ; le regard qu’il porte sur ce qui l’entoure est pénétrant et, inconsciemment, il sait où aller. Il demeure nimbé de mystères, pratiquant une magie singulière et armé d’étoiles de mer et autres accessoires.

Guei Rose va, sans le savoir au début, le mener vers sa destinée. Pourtant, dans l’air, une prophétie résonne : l’éveil de la Dormeuse, le Sang Noir. Un cataclysme va-t-il se produire ? En parallèle, le personnage de l’abyssal Mag dénonce le traitement des abyssaux par les hommes. Au palais, June, la nièce du roi Uthman a des visions et tente de faire entendre raison au roi sur ses actes. Le roi Uthman possède lui aussi des secrets, le sien étant sous clef dans les profondeurs du palais… Les fruits roses de l’arbre Sacré lui sont exclusivement réservés, mais contrôle-t-il réellement la situation ? Tout ce monde est ramifié aux racines de l’arbre Sacré, arbre anthropomorphe gardé par une sorcière.

Procédé narratif atypique

L’intrigue est découpée en 3 parties, chacune ponctuée par un texte issu du "Livre de la Gardienne" qui, alors qu’aucune successeuse n’est désignée, brave l’interdit en transmettant autrement qu’oralement la connaissance en prenant la plume. Ces écrits relient le récit en apportant des éléments capitaux : l’arbre Sacré désignant un successeur roturier, trahison, prise de pouvoir, fin de l’harmonie avec la nature…

Le procédé narratif se veut donc atypique et pour ma part je l’ai grandement apprécié. Non linéaire, le récit ne donne pas toutes les clefs, ce qui m’a pleinement immergée dans les pages, découvrant les nuances de l’univers, regroupant les informations. Les illustrations participent à la narration, et c’est là un magnifique talent ! Quant aux bulles, les dialogues se croisent avec les vers d’un barde.

Merveilleuse composition

L’univers, tant visuel que narratif, déploie un pan onirique, ponctué de magie, d’émerveillement, alors que l’île de Carambolla est sous le joug d’un tyran et qu’une terrible prophétie gronde. Emiliano Tanzillo compose à merveille, jusqu’aux teintes utilisées, gris sépia, noir et incarnat. Ces nuances participent à la matière de l’histoire : roche et mer, fruits de l’arbre Sacré, conférant un écueil entre les hommes et la facette mythologique.

Non manichéen

Au-delà de cela, les thèmes du rapport à la nature, aux animaux, l’écologie imprègnent le récit. L’histoire peut paraître manichéenne, mais c’est sans compter sur la douceur de Marec, l’empathie de Mag l’abyssal, la reconnaissance de June, le poids du pêché chez le roi Uthman, l’ouverture d’esprit de Guei Rose.

Un format généreux

Pour ne rien gâcher aux qualités de l’ouvrage, ce dernier est présenté dans un grand format épais (23,8 x 32,4), avec un découpage soigné pour les différentes parties.

Carambolla, Tome 1 : Sang Noir, Emiliano Tanzillo & Barbara Baraldi, Éditions Soleil, 26 octobre 2022

En bref : Emiliano Tanzillo et Barbara Baraldi nous offrent avec Sang Noir, le premier tome de Carambolla, une bande dessinée de haute qualité ! Le récit non linéaire n’offre pas toutes les clefs, à nous, lecteurices, de nous immerger dans l’univers de l’île de Carambolla pour regrouper les informations et les détails. Emiliano Tanzillo distille un talent brut tant dans la composition que les nuances de couleur, offrant des visuels participant à la narration autant qu’à l’univers onirique et merveilleux. Gris sépia, noir et incarnat donnent de la matière, rappelant la roche, l’eau ou la magie avec la teinte des fruits de l’arbre Sacré.

Plusieurs points de vue s’entremêlent en une large vision d’ensemble qui balaie les thématiques comme les enjeux. L’histoire peut paraître manichéenne, mais c’est sans compter sur les nuances instillées !

Onirisme, fantasy, magie, rapport aux animaux et à la nature, écologie, mythologie, trahison, prise de pouvoir, pour ne citer qu’eux, se côtoient dans ce riche récit au format généreux.

Ne vous en privez pas !

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Publié dans chronique personnelle

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