Jean-Sébastien Rossbach, Chamanes - Les chants de la Déesse, autoédition, 2019

4^ème de couverture

Dis portraits de femmes chamanes à travers les âges, à la féminité sauvage, libre et forte, gardiennes de la Terre et des mystères sacrés.

Sous la forme assumée d’une œuvre littéraire illustrée, l’auteur nous invite à travers ce manifeste artistique et poétique, à une ode vivante à Mère-Nature, et aux femmes.

Chamanes, les chants de la déesse

CHAMANES, Les Chants de la Déesse est un Beau-Livre de contes illustrés qui rassemble à travers 136 pages les histoires de Femmes Chamanes de tous les âges, de la préhistoire à aujourd'hui. E...

https://etoilessauvages.fr/produit/chamanes-les-chants-de-la-deesse/

Avant-propos

J’ai connu le travail de Jean-Sébastien Rossbach car que je suivais en premier lieu celui de sa compagne, Agata Kawa, artiste plasticienne (sa série « La Part du Monstre » m’a particulièrement touchée, source de réflexions rejoignant les miennes, notamment pour ce projet d'écriture). Le couple d’artistes possède une sensibilité vis-à-vis de la Nature, du féminin et du spirituel.

Portés par ces valeurs, Agata et Jean-Sébastien ont créé Étoiles Sauvages, un espace d'édition et de créations artistiques, dans le Périgord Noir, écrin paléolithique.

Si Jean-Sébastien Rossbach est avant tout illustrateur et peintre, pour son projet Chamanes, Les chants de la déesse, il s’est mis à la plume. Il propose ainsi un recueil de contes illustrés, des portraits de femmes chamanes de la Préhistoire à nos jours.

Mots clefs

Beau livre – contes – contes illustrés – femmes chamanes – féminisme – femmes – portraits de femmes – femmes sauvages – féminin sacré – chamanisme – Nature – monde des Esprits – écologie – écoféminisme – Terre-Mère – revenir à la source – différentes cultures – ethnies – animaux – personnification

Mon retour

Mes lectures actuelles sont orientées sur la nature, le spirituel, le féminin, voire une touche de feel good en mode développement personnel (Un psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers, la 1^ère saison de la trilogie Shaman de Tigran). Alors que la fin de l’hiver s’achève, l’éveil progressif de la Nature fait écho en moi, à mon propre besoin de renouveau (énergique comme sur le plan professionnel). Ajoutez à cela mon orientation vers l’ésotérisme, je me sens de plus en plus entre la sorcellerie et le chamanisme. Aussi, c’était le bon moment pour découvrir le projet Chamanes, les chants de la déesse, accompagné du Livre de Croquis !

le chevalet de Jean-Sébastien Rossbach

Enrichi par son chemin de vie au côté d’Agata Kawa, le travail de Jean-Sébastien Rossbach s’est développé vers ce qui lui tenait le plus à cœur, l’écologie et le féminisme. Porté par l’appel de la forêt et des grottes rocheuses, le couple a quitté la capitale pour s’installer dans le Périgord Noir, non loin des grottes de Lascaux, menant de front leur voyage sur ce nouveau chemin de vie. D’après Jean-Sébastien, Agata est une chamane, aussi j’ai ressenti un vibrant hommage à sa compagne dans ce recueil qu’il a patiemment élaboré.

Chamane, les chants de la déesse propose 10 contes, dont un en deux parties, soit 9 portraits de femmes chamanes, de la Préhistoire à aujourd’hui. Différentes périodes, différentes ethnies, différentes femmes, différentes cultures. On y croise donc inuits, samouraïs, mais aussi cow-boys, rangers… À chaque histoire, ce sont esprits, animaux, plantes, pierres, harmonie du vivant qui sont déployés. Rite d’initiation, demande d’aide aux esprits pour rétablir l’équilibre, guérir, suivre son instinct… tout cela fait face aux préjugés des hommes (comme les colons), à la destruction de la nature par les hommes. Les femmes incarnent ici la place de gardiennes de Mère-Nature, entité qu’elles personnifient au gré des récits.

Les femmes chamanes connaissent les plantes, elles entrent en transe pour être guidées par les esprits, elles se métamorphosent, elles initient d’autres chamanes, elles soignent… Elles ont un lien particulier à la Nature, au monde invisible, possèdent un lien qui grandit chaque jour, toujours plus en harmonie avec Mère-Nature. Jean-Sébastien Rossbach nous offre donc des récits écoféministes.

Chaque conte est illustré et rédigé par Jean-Sébastien Rossbach, avec une mise en page soignée (marges larges, typographie pour les sous-titres). Les illustrations couleurs figurent en en-tête, en pleine page, ou sont insérées dans le texte, quelques croquis s’invitent également par endroit. Quant à la plume, Jean-Sébastien Rossbach s’est essayé à différentes narrations, de la 1^ère à la 3^ème personne du singulier, incarnant femmes chamanes comme protagoniste extérieur. Poésie, rage, médiation… émaillent les récits. L’auteur retranscrit incompréhension et donc préjugés des personnes extérieures au chamanisme, tout comme il met en exergue le devoir des chamanes, leur soif de protéger Mère-Nature, car la Nature incarne les poumons de la Terre.

Il y a des combats : l’émancipation féminine ; la guerre pacifique des Amérindiens pour empêcher des travaux pétroliers au niveau des nappes phréatiques et du cimetière de leurs ancêtres ; la lutte pour conserver son identité alors qu’un peuple est persécuté par les colons…

Les femmes chamanes incarnent le féminin sacré par excellence, mais cette facette peut se retrouver chez les hommes, ne serait-ce qu’en pensant aux hommes chamanes. Toucher à l’harmonie, oublier son égo, ressentir la Nature et arpenter ses mystères, côtoyer les esprits. La nature et les animaux étaient là avant nous, et pourquoi se gargariser d’être « plus évolués » alors que nous détruisons notre planète, que nous nous nous sommes coupés de notre berceau ?

Les différents contes apportent diverses tonalités au propos de Jean-Sébastien Rossbach. Le lien à la Nature, l’harmonie, le respect pour le vivant, montrent la véritable incarnation de l’être humain, sa véritable place, parmi la faune et la flore, et non pas « au centre ». C’est coupé de la nature, et s’érigeant sur son égo qu’il perd son essence, qu’il se détourne des mystères pour le matériel, le concret. Alors il devient imperméable à l’abstrait, au monde des esprits ; alors son désir de posséder, de conquérir, de contrôler, fait passer son bien-être avant celui de la Terre. L’homme a oublié le langage de la Nature.

L’ouvrage de Jean-Sébastien Rossbach sensibilise quant à la nécessité urgente de protéger la Nature. Voilà pourquoi il revient sur des épisodes durs de l’Histoire comme la persécution des Amérindiens. Qu’il introduit une femme chamane s’étant perdue en chemin en suivant son égo. Préserver la Nature, c’est le combat de chacun, à sa propre échelle. Ces contes sont à transmettre, pour ne pas oublier, pour nourrir sa réflexion et ouvrir les yeux.

Un dernier mot : en plus de l’ouvrage Chamanes, les chants de la déesse, vous pouvez compléter votre lecture avec le Livre de Croquis. Je les trouve complémentaires : dans le Livre de Croquis, nous sommes face à l’élan créatif inconscient, les esquisses sont entremêlées de courts poèmes, de haikus, des messages pêle-mêle dont la poésie s’enchâsse naturellement. Celui-ci offre une version plus « artistique » à l’ouvrage plus « formel » des contes. C’est un peu comme être dans la tête de l’artiste, voir ses idées fleurir comme les étoiles dans le ciel ; des éclats furtifs mais oh combien incarnés.

En bref : Avec Chamanes, les chants de la déesse, Jean-Sébastien Rossbach nous offre un ouvrage engagé. 9 portraits de femmes chamanes prônent l’écoféminisme. Poétiques, oniriques ou encore viscéraux, les contes retracent différents époques, différentes ethnies, de la Préhistoire à nos jours. Ces histoires soulignent notre détachement à la Nature, pour suivre le chemin de l’égo, destructeur. Pourtant, préserver Mère-Nature, c’est le combat de chacun, à sa propre échelle. Ces contes sont à transmettre, pour ne pas oublier, pour nourrir sa réflexion et ouvrir les yeux, renouer avec son féminin sacré.

Jean-Sébastien Rossbach et sa compagne, l'artiste plasticienne Agata Kawa

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