Chris Vuklisevic, Du thé pour les fantômes, Éditions Denoël, collection Lunes d'Encre, 3 mai 2023

Publié le par Maude Elyther

illustration et couverture par Cécilia Leroux

illustration et couverture par Cécilia Leroux

4ème de couverture

« Quand on est vivant, on occupe les places que les morts ont laissées. C’est la règle. »

Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes. Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu’au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles.
Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l’une et rejeté l’autre. Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire.
Que voulait-elle révéler avant de mourir ? Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ?
Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d’Almería, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux.

Entrez dans le salon de thé.

Prenez une tasse chaude à l’abri de la pluie.

Écoutez leur histoire.

Avant-propos

Quand j’ai vu passer, il y a plusieurs mois, le titre du roman pour lequel Chris Vuklisevic avait signé un contrat aux Éditions Denoël, j’ai tout de suite été conquise. Du thé pour les fantômes. Parce qu’aussitôt, j’ai senti les effluves d’un texte entre fantastique et réalisme magique. Bon, et en tea addict, voir dans le titre le nom de ma douce drogue, ça a joué aussi, évidemment.

Il s’agit ici du second roman de l’autrice : en 2020 était paru Derniers jours d’un monde oublié ; il avait remporté le concours organisé pour les vingt ans de la collection Folio SF.

J’ai eu le grand plaisir de rencontrer Chris à l’édition de Trolls & Légendes de cette année, l’occasion de me procurer en avant-première Du thé pour les fantômes, ainsi que Derniers jours d’un monde oublié que je compte lire prochainement.

Sans surprise, j’ai ADORÉ Du thé pour les fantômes ! Il se hisse d’ores et déjà dans la liste de mes romans préférés ! Je vous en parle plus ci-dessous 😉

Mots clefs

Littérature blanche – réalisme magique – merveilleux – absurde – cosy – fantastique – cosy fantastic – sorcières – fantômes – thé – salon de thé – portraits de femmes – sororité – fragments de vie – gémellité – hérédité – transgénérationnel – secrets de famille – relations entre sœurs – contes – intime – se reconstruire

illustration (détail) de Cécilia Leroux

illustration (détail) de Cécilia Leroux

Mon retour

Vous pensez que les fantômes n’apparaissent que parmi les brumes des entre-deux (entre nuit et aurore, automne et hiver, songe et réveil) ? Qu’ils sont translucides et ne peuvent toucher les objets ? Eh bien, c’est que vous n’avez jamais engagé Félicité ! Car Félicité est une passeuse de fantômes, elle aide les âmes piégées à traverser pour de bon. Elle est née comme ça, Félicité, elle voit les fantômes. Combiné à cela son apprentissage en tant que théiologue et vous avez là deux des ingrédients qui ont forgé sa profession. Mais ne vous y trompez pas, Félicité ne sert pas n’importe quel thé, non : elle maîtrise l’art des étranges-thés.

Mais il pleut, dehors, un vrai déluge à Nice à cette époque ! Ne restez pas sur le pas de la porte, venez vous installer par ici, oui, ici, à ma table, les autres sont déjà toutes occupées par les fantômes ; ne voyez-vous pas les théières qui semblent dotées d’une vie propre à remplir les tasses, et ces dernières qui se vident toutes seules ? Vous voulez du merveilleux pour votre séjour chez nous ? Alors oubliez votre brochure touristique, je vais vous offrir de l’authentique, de l’envoûtant, de l’enchan-thé !

C’est sur ce ton que l’on plonge dans les premières pages Du thé pour les fantômes : lea lecteurice se trouve en vacances à Nice, et, fuyant une averse très inattendue – apprenant qu’ici la pluie ne fait pas semblant –, iel pousse les portes d’un étrange salon de thé. Un habitué lae prend sous son aile en l'invitant à sa table. Ainsi, sous la plume captivante de l’autrice, le narrateur se fait conteur. Le conteur d’une étrange histoire, celle des jumelles nées dans la bergerie sur le mont Bégo.

Ici, la merveille, la meraviglia, ce n’est pas la féerie : c’est la chose étrange. C’est l’impression que quelqu’un marche derrière vous. C’est la surface du lac du Tremblement qui s’agite sans brise. L’orage qui explose en plein ciel bleu quand vous passez le val de la Masque. La spirale gravée sur le col du Diable, plus vieille que ce monde et les mondes d’avant, qui vous envoûte à vous faire oublier le chemin du retour.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

À travers Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic nous offre un récit entre littérature blanche et réalisme magique, un récit de cosy fantastic. Car où la narration alterne entre notre époque et les personnages des deux générations antérieures, le conte intime se mêle au merveilleux et à l’absurde : c’est là le trait du réalisme magique à insérer une part d’enchantement dans le tissu de la réalité sans que celui-ci s’en trouve pour autant improbable. En lisant ce roman, nous partons du principe que les fantômes existent, dans ce cas, en quoi être théiologue, sorcière, ou encore tempestaïre, serait invraisemblable ? Bien, nous sommes d’accord. C’est un univers cosy, à la fois familier et étrange, étrange dans le sens réconfortant et chaleureux avec une touche de conte magique. Lire Du thé pour les fantômes c’est comme lire la lettre de Poudlard que l’on attendait depuis si longtemps.

(…) parfois, une histoire n’existe pas dès son premier moment. Elle trouve ses racines plus tard, plus haut dans l’arbre, et il faut descendre ensuite le long du tronc, grimper encore quelques branches, repartir vers les nœuds du bas, ramasser les feuilles mortes et cueillir les nouveaux fruits pour en saisir tous les contours et la mesure.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

Le narrateur, dont je vous laisse le soin de découvrir l’identité en lisant à votre tour ce roman, s’est vu confier, à l’origine, la mission d’enquêter quant à l’abandon du village, là-haut, sur le mont Bégo. Car avant d’être conteur, il était archiviste. Mais face aux différents accueils des personnes ayant fui le village et qu’il a retrouvées, il comprend bien que l’on ne lui dira pas grand-chose. Aussi, il lui faudra remonter jusqu’à Félicité. Voyez-vous l’étrangeté de ce village désert résiderait en la naissance de deux jumelles, Félicité et Agonie. Deux sœurs littéralement opposées qui ont tenté de faire face à leur vie familiale, complètement dysfonctionnelle.

Elles, les jumelles du mont Bégo, elles sont le corbeau et le chat noir qui ne sortent que le soir, des morceaux ambulants de nuit, des trous dans la lumière qu’on préfère contourner pour oublier qu’il existe autre chose que le soleil et les cris des enfants.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

Trente ans avant le récit du narrateur, les sœurs ont coupé les ponts. Trente ans auparavant, le village sur le mont Bégo a été abandonné. Depuis ce jour-là Carmine, la mère des jumelles, n’est plus la même, elle semble avoir développé de multiples personnalités. Elle est restée là-haut, Carmine, et Félicité n’a pas réussi à la faire descendre à Nice ; pas plus qu’elle n’a réussi à parler à sa mère, perdue elle ne sait où parmi des dizaines et des dizaines d’autres identités. Félicité n’a plus la force de la jeunesse, alors, un jour, elle décide que s’en est assez. Voilà. Elle lance un ultimatum à sa mère, sauf qu'elle ne la reverra plus jamais vivante.

Pire, elle est morte en ne terminant pas sa phrase. Aussi c’est sûr, son fantôme l’attend quelque part. Car pour la faire passer, Félicité devra recueillir ses derniers mots et les restituer au destinataire. C’est dans ses circonstances qu’elle reprend contact avec sa jumelle, Agonie. Elle a besoin de son aide pour retrouver le fantôme de leur mère, de cette femme aux colères-tempêtes, qu’au final, elles ne connaissaient pas. Les deux sœurs ont des questions à lui poser aussi. Mais entre silences et non-dits, démêler la vérité ne sera pas une mince affaire.

La mémoire, c’est une théière brisée. Pour la retrouver entière et s’y abreuver, il faut de la patience, des morceaux à rassembler, de l’or pour souligner les failles et, pour réunir les pièces, du temps. Du temps et une laque, toxique tant qu’elle n’est pas sèche. Alors il ne faut pas se presser. Il ne faut pas vouloir trop vite retrouver la mémoire, sinon la théière casse ou elle vous empoisonne.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

À travers la mission première du narrateur-archiviste, ce sont les récits de Félicité et d’Agonie, puis celui de leur mère, Carmine, qui relateront les origines de l’abandon du village du mont Bégo. Une histoire comporte plusieurs personnages, plusieurs histoires, plusieurs points de vue. Il faut bien ces trois femmes pour savoir pourquoi Agonie a quitté la bergerie, ce qu’elle est devenue les trente années qui ont suivi. Pour savoir ce qu’a fait Félicité, comment elle est devenue passeuse de fantômes. Pour savoir la façon dont Carmine s’est dissolue.

Au-delà, ce sont les portraits des parents de Carmine qui vont être précisés. Car les jumelles sont particulières : Félicité est une passeuse et Agonie, une sorcière, une vraie sorcière ; et ces particularités sont transgénérationnelles. Par les fissures des personnages, ce sont des relations dysfonctionnelles entre parents et enfants, entre mère et filles, entre jumelles, qui sont mises au jour. Comment se reconstruit-on avec de telles failles ? Avec le temps, dans un premier temps. Comme le kintsugi, l’art de transformer les fêlures en trésors.

"Le kintsugi. C’est rendre la vie à ce qui est mort, y dessiner des veines où coule un sang fait d’or. Cette théière accomplit pour moi plus qu’aucun des étranges-thés : l’eau qu’elle sert me répare. Parce que je l’ai réparée en premier, avec du soin et de la douceur, et parce que j’ai transformé ses fêlures en trésors."
Elle l’a posée entre nous et l’a caressée comme un chat.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

Plus que de chercher des réponses, Félicité et Agonie cherchent la vérité. Qui était réellement leur mère ? Les jumelles doivent œuvrer ensemble ; depuis trente ans sans s’être vu, sans s’être donné de nouvelles, les non-dits et les rancœurs pèsent. C’est en écoutant les silences de l’autre que chacune va comprendre l’autre, et ensemble, retisser leur lien de jumelles. Pour que leur histoire soit complète, elles doivent trouver le fantôme de Carmine.

Bien sûr, le récit tourne principalement autour des deux sœurs, puis de leur mère et de ses propres parents. Mais dans ce récit non linéaire qui retrace ces générations, les personnages secondaires sont tout aussi truculents et fouillés. Marine, la théilogue qui fit de Félicité son apprentie avant qu’elles ne deviennent amies, le narrateur qui jouera un rôle important dans l’entreprise des deux sœurs, la comtesse Angèle-Victoire qu’on adore entendre se plaindre de la routine-maniaque de Félicité, et d'autres encores. Tous ces personnages ont du caractère, une empreinte tamponnée à merveille dans le récit. Ils sont fantasques, exubérants, envoûtants et participent à l’enchantement familier du récit, avec cette tonalité absurde, abstraite.

Là où Carmine vidait les langes d’Agonie, dans le pré derrière la maison, poussaient la nuit des plantes qui n’existaient pas. Des fleurs que le mont Bégo redoutait, gigantesques, trop exubérantes pour être honnêtes, qui envahissaient la terre et enlaçaient de leurs racines le vieux banc déjà fendu. Leurs pistils bleu électrique ondulaient comme des algues parmi les mâchoires couleur d’hématome et de pétrole qui se refermaient sur les moineaux subitement, clac, sans leur laisser le temps de piailler. Une fois rouvertes, elles poussaient des sifflements d’oiseaux.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

Le récit offre donc plusieurs voix. La narration aguerrie de Chris Vuklisevic passe du narrateur à Félicité, ou à des fantômes, tout en fluidité, du « je » au « il ou elle » du point de vue omniscient. L’écriture est donc orale, brillante, poétique, touchante, cosy, envoûtante…, elle nous porte dans cette mise en abyme d’histoires enchâssées, de portraits complexes, à la recherche de nos propres fantômes et failles. Tout est affaire d’identité, de blessures ou traumatismes intergénérationnels ; plus particulièrement, ce sont des portraits de femmes. Piquantes, enfermées dans un carcan, devenues sorcières, amoureuses, égarées, battantes, esseulées, les femmes font face à leurs blessures, à la désillusion, mais aussi à leur richesse intérieure, à la sororité.

En filigrane, l’image des outrenoms participe à cette corrélation d’épanouissement, d’émancipation et de sororité. Les outrenoms sont comme un deuxième prénom, mais secret, notre part d’ombre. L’ombre représentant ici la vastitude que nous portons en nous mais ignorons. Notre outrenom scellerait notre destin. Pour autant, le connaître n’est peut-être pas la plus sage des décisions car nous pourrions déborder. En somme, s’il est merveilleux d’atteindre notre plein potentiel, il ne faut pas s’oublier, il faut connaître ses limites. Se reconstruire, c’est apprendre à se connaître réellement, à s’accorder de la bienveillance.

Devenir son ombre et son reflet, ne plus être seulement le fleuve, mais la rive qui le canalise, et la mer où elle mène… ça n’arrive pas dans un fracas. Ce n’est pas un barrage qui cède et qui emporte tout. C’est patiemment, avec un dé à coudre, ajouter au fleuve son seau jusqu’à ce qu’il déborde, sans éclat, sans événement, et qu’un jour les cartes n’affichent plus qu’un océan, comme s’il avait toujours été là. Un outrenom, on l’apprivoise petit à petit. On apprend à vivre avec son ombre et avec sa lumière, et à puiser à ses deux sources. Découvrir son outrenom, c’est une chose. Mais il ne suffit pas de savoir ce qu’on est pour le devenir.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

Le réalisme magique offre un léger décalage sur la réalité pour offrir des réflexions essentielles sur les failles que nous portons, sur les relations familiales, sur soi-même. Par le transgénérationnel, il y a des répétitions qui sont des blocages. Il faut les comprendre pour s’en libérer. Ainsi Du thé pour les fantômes aborde le lien des vivants aux fantômes, les étranges-thés révélant leur vérité, faisant passer le fantôme et libérant le vivant. Le kintsugi met en lumière nos failles : nous devons prendre soi de nous-mêmes, ne pas cacher au plus profond nos fêlures, au risque qu’elles ne s’étendent ; nous devons nous accorder de la bienveillance.

[les thés alignés sur la table] (…) chacun a son effet spécifique. C’est étranges-thés qui sentent la mousse et le vent, c’est la théiologue qui les cueille dans la vallée des choses étranges et les fournit à Félicité, une boîte pour chaque provenance : rives du lac des Mille-fonts, algues du lac de Fenestre, col du Diable, val de la Masque, col de la Couillole, tête de la Lave… et, bien sûr, le thé des Merveilles. Celui qui pousse dans un recoin secret du mont Bégo et fait parler les morts.

Du thé pour les fantômes, Chris Vuklisevic, Éd. Denoël, 3 mai 2023

Je pourrais continuer à vous parler de ce roman doudou, d’autant plus que j’ai encore plein d’extraits que j’ai recopiés, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses, non ? Dans cet article, j’ai essayé de souligner le précieux univers, le génie de la narration, les personnalités hautes en couleurs des personnages, principaux comme secondaires, plusieurs des thématiques essentielles abordées. Cette lecture coule de source : je m’attendais à l’adorer, ayant perçu des éléments qui me sont chers, autant qu’elle est fluide, même dans sa poésie et la complexité de ses personnages.

Tant de passages sont géniaux et originaux ! Comme l’apprentissage de Félicité auprès de Marine, la discussion silencieuse de Félicité et d’Agonie, le jardin dans le désert, les fleurs et les papillons, l’art des étranges-thés… De la poésie, une pincée de magie, du thé, des fantômes, une sorcière, des fleurs carnivores, des jumelles, des fêlures à réparer, des liens de sororité à chérir… et un troupeau de théières ! Honnêtement, j’aurais aimé être l’autrice de beaucoup de ces éléments ^^  

« soit

s’en aller vers l’oubli cruel et joyeux trancher les

cordes net et pour de bon changer de peau changer

de nom renaître entre les camélias loin sans mémoire

sans mère sans racines sans terre sans miroirs

ou alors rester

et boire jusqu’au bout son thé »

Chris Vuklisevic, Du thé pour les fantômes, Éditions Denoël, collection Lunes d'Encre, 3 mai 2023

En bref

Du thé pour les fantômes nous immerge dans un univers entre réalisme magique et cosy fantastic ; univers qui peut être littérature blanche ponctuée d’allégories. Le thé devient un rituel pour savourer le moment présent : dans les vapeurs des étranges-thés, l’on discerne les fantômes qui nous hantent. Devenir sorcière devient une métaphore de self défense contre les autres. Les colères résonnent en tempête. Le regard bienveillant fait éclore la beauté, immortalisant les images. Les fleurs monstrueuses, carnivores, reflètent une nature incomprise, féerique.

Du thé pour les fantômes nous enveloppe dans un cocon chaleureux et enchan-thé où il est question de soigner ses failles, les failles intergénérationnelles que nous portons en nous et qui nous empêchent de nous accomplir réellement, de nous épanouir. Un relief magique infuse ces récits enchâssés, ces histoires qui n’en font qu’une, ces portraits de femmes. La narration exquise nous entraîne dans les pas de Félicité, passeuse de fantômes, qui doit faire équipe avec sa jumelle, Agonie, qu’elle n’a pas vue depuis trente ans, pour retrouver le fantôme de leur mère décédée et lever le voile sur la vérité.

Du thé pour les fantômes mélange littérature blanche et réalisme magique, conte et fantastique pour nous offrir un grand cru aux arômes puissants et subtils, fantasques et envoûtants, étranges et familiers.

Ne passez pas à côté !

photo souvenir à Trolls & Légendes, le 8 avril 2023

photo souvenir à Trolls & Légendes, le 8 avril 2023

Bonus

Pssst vous êtes toujours là ? Pour vous remercier de votre lecture, je vous glisse un petit bonus : un extrait de mon roman Le Bois Écarlate* !

« On raconte beaucoup de choses sur Marie-Rose Limon, la gérante des Potions de Rosie. Brune plantureuse qui a aujourd’hui tout juste dépassé la cinquantaine, bien qu’elle puisse aisément passer pour plus jeune ou plus âgée, il se dit qu’elle a connu un jour le grand amour. Mais le prétendant, de passage pour affaires à Treffendel, a eu l’outrecuidance de la délaisser au profit d’un héritage familial, qui l’attendait à la capitale. Ainsi, les gens murmurent que Rosie versa l’une de ses préparations spéciales dans son tonique matinal : un philtre d’impuissance ou de stérilité, qui sait ? Toujours est-il que l’individu ne reparut plus, et qu’il a cessé du jour au lendemain toutes ses activités dans la ville.

À qui sait regarder, derrière son apparence quelque peu vilaine, avec son visage aux traits durs et toujours maquillés, Rosie se révèle charmante et de bonne compagnie. Et ce n’est pas Charlie qui dira le contraire ! Le salon de thé de Rosie est sans nul doute le lieu que l’écrivain fréquente le plus en ville. Car, en plus de proposer de délicieux cafés, de savoir manier les mélanges de thés, d’être, un peu de la même manière que lui, une âme aux rêves complexes, elle n’a pas son pareil pour être au courant du moindre potin. Ou, plus spécifiquement entre eux, du moindre fait sordide qui se déroule ici. Alors, arriver sur le trottoir en face de l’enseigne des Potions de Rosie et voir la vitrine familière laisse comme un goût de retour à la maison pour notre écrivain itinérant, ou du moins, ce qui s’apparente le plus à ce sentiment. »

* Il y a du changement concernant mon roman initialement paru aux Éditions Kiwi... J'ai récupéré mes droits d'auteur sur ce texte, sa commercialisation a été arrêtée. Si vous désirez un exemplaire, contactez-moi, il m'en reste quelques-uns ;)

Chris Vuklisevic, Du thé pour les fantômes, Éditions Denoël, collection Lunes d'Encre, 3 mai 2023

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Publié dans chronique personnelle

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