Ina Siel, Emblèmes - Tome 1 : Le Cercle des Géographes, Éditions Mnémos, Label Naos, 20 septembre 2023

illustration : Cyrielle Boucher

4^ème de couverture

Erèbe d’Aigremort ne quitte jamais son manoir, traumatisé par l’attaque d’une créature de cauchemar pendant son enfance.

C’est pourtant son nom qu’une négociante nuptiale soumet à Cécilie, car il est le seul qui corresponde aux critères étranges de la jeune roturière fortunée.

Érèbe accepte la proposition d’union et se laisse convaincre de participer aux sélections pour intégrer le Cercle des Géographes, qui organise des expéditions de prestige vers Exotica, une terre peuplée de créatures magiques.

Érèbe compte bien y retrouver les racines de son passé alors que Cécilie souhaite profiter de l’escale à La Scientifica, une terre de sciences et de progrès, pour s’échapper du carcan que Naturalia impose aux femmes.

Lorsqu’ils découvrent que le véritable enjeu est de ramener la magie d’Exotica à Naturalia, ils se retrouvent pris au piège de complots politiques qui les dépassent.

Arpentez un univers infusé de merveilles autant que de noirceur, inspiré des cabinets de curiosités et peuplé de personnages inoubliables, meurtris et faillibles, dans une atmosphère green academia.

Ina Siel est une autrice belge. Biologiste moléculaire de formation, elle a abandonné sa blouse blanche pour écrire davantage.

Série en 2 tomes

Emblèmes tome 1, Le cercle des géographes

https://mnemos.com/livre/emblemes-tome-1-le-cercle-des-geographes/

Avant-propos

Je remercie Estelle Hamelin et les Éditions Mnémos pour l’envoi de ce service presse papier ! Depuis quelques temps, je suivais les posts Instagram d’Ina Siel, et j’étais très intriguée par les thématiques et l’atmosphère de sa duologie.

Malheureusement, bien que la 1^ère partie (qui représente la moitié du roman) m'ait plu, j’ai trouvé les suivantes déséquilibrées. Mon retour est de ce fait assez mitigé, Toutefois, il s'agit d'un ouvrage young adult, aussi il plaira beaucoup.

Mots clefs

Young adult – fantasy – gothique – cabinet de curiosité – green academia – dark cottagecore – émancipation féminine – expédition – anxiété – personnages en situation de handicap – chimère – cauchemar – traumatisme – famille – relation mère/fils – relation toxique – terre de sciences – terre exotique

Représentation

Personnage principal souffrant d’anxiété, personnage secondaire souffrant de handicap physique, personnages issus de différentes ethnies

Trigger warning

Personnage principal souffrant d’anxiété, cadavres d’animaux, taxidermie, sang, mutilation, violence, cauchemar, traumatisme, relation mère/fils toxique

Mon retour

Le monde imaginé par Ina Siel regroupe 3 continents : Naturalia, aux airs de notre 18^ème siècle avec son goût pour les cabinets de curiosités et les expéditions ; La Scientifica (un archipel d’îles) qui est à la pointe de la science et des technologies ; et Exotica, une terre mystérieuse et sauvage, terreau fertile des fantasmes quant aux découvertes et à l’existence de la magie.

Le récit commence sur Naturalia. La famille d’Aigremort vit reclus, de terribles rumeurs pesant sur le fils, Érèbe, jugé de malsain et de contre nature. En dehors du monde dans un manoir, il lutte contre son anxiété et son cauchemar traumatique récurrent en chassant au côté de son loup, Noctis, car son hobby est la création de chimères pour le cabinet de curiosités de la famille. Il a également entrepris une œuvre qu’il espère cathartique : donner corps à son Cauchemar.

En parallèle, nous faisons la connaissance de Cécilie, elle n’a en tête que son rêve d’émancipation, à savoir gagner La Scientifica, où elle pourra étudier et vivre par elle-même plutôt que dans l’ombre d’un mari. Toutefois, pour aller à La Scientifica, elle doit faire partie d’une expédition, ce que son statut de roturière ne permet. Aussi, par l’entremise de son amie Jeanne, elle décide de s’unir à Érèbe d’Aigremort pour monter dans la société et de ce fait s’enfuir à la Scientifica à la première occasion.

C’est un univers tout en clair-obscur qui imprègne le récit. L’ambiance, automnale dans la première partie, fait la part belle au manoir défraichi d’Aigremort, à la forêt, à la fête Willow (notre Samain ou Halloween), au macabre des cabinets de curiosités… Le tout teinté de gothique avec ses personnages torturés, notamment Érèbe, dont le Cauchemar pèse sur lui au point de l’emprisonner.

À cela tranche l’effervescence quant aux expéditions, à l’obtention prochaine de technologies de La Scientifica, aux festivités avant le départ. Ici, la science est auréolée : elle va faire sortir de l’obscurité tant au figuré qu’au littéraire. Seul Le Cercle des Géographes est autorisé à mettre en place des expéditions. En ce sens, des accords commerciaux ont été signés entre La Scientifica et les 5 cités nations de Naturalia : tous les 50 ans, une délégation de La Scientifica s’établira auprès d’une des cités nations pour partir en expédition.

Le récit se déroule lors de la venue de la délégation à Archronde, la cité nation où est établie la famille d’Aigremort, où Cécilie s’échine à mettre en œuvre son projet de mariage pour gagner son émancipation grâce au rang et aux expéditions.

L’autrice a inversé les rôles que l’on retrouve d’ordinaire. Ici, c’est l’homme, Érèbe donc, qui est vulnérable, à cause de son handicap mental ; quant à la femme, Cécilie est prête à tout pour sa liberté. Toutefois, dans son rejet du patriarcat, son obstination égocentrique la fait agir comme les hommes de la société de Naturalia. Ce qui la rend assez détestable, d’autant plus qu’elle manipule Érèbe qui lui, à son contact, s’ouvre au monde et se bat pour dépasser son anxiété pour la mauvaise personne. En somme, le personnage qui évolue clairement, c’est Érèbe, tandis que Cécilie demeure dans sa sphère égocentrée, délaissant jusqu’à sa cousine et son amie d’expédition pour parvenir à ses fins.

Ce qui est appréciable, c’est que de nombreux personnages gravitent dans le roman, même si cela frise la check-list. On retrouve la mère toxique, le commandant un brin mégalomane qui cache une personnalité somme toute paternelle, l’amie douce et dévouée délaissée, l’ami bienveillant qui porte aussi son lot de fardeaux, la cousine pétillante qui est dans les meilleurs coups, la femme scientifique et médecin charismatique, et j’en passe.

Dans la première partie, la psychologie des personnages est travaillée, même si certains paraissent cliché, l’on sent leur ambivalence, tout le monde est gris. En revanche, à partir de la 2^ème partie, l’écriture présente de nombreuses ellipses, des paragraphes plus courts, bref un autre type de narration. Et cela m’a coupée des personnages, je ne comprenais pas leurs réactions, leur évolution.

De même, j’ai senti plusieurs facilités scénaristiques. Là où la première partie prenait le temps de tout installer, background comme psychologie des personnages, la suite se simplifie : des éléments importants issus d’Exotica sont tout de suite apportés et aucunement remis en question par les membres de Naturalia. C’est ainsi qu’arrive tardivement le lien entre le roman et le titre Emblèmes. Tout m’a paru précipité, où j’aurais aimé plus de complexités, de fondements. À Exotica, il n’y a pas de divergence de langues, les habitants d’Exotica parlent étrangement très bien plusieurs langues, ils connaissent des pensées et termes scientifiques… D'ailleurs c'est là que l'on sent fortement les bagages de l'autrice (biologiste moléculaire).

Je chipote peut-être, me direz-vous, mais pour moi il y a un réel déséquilibre entre la 1^ère partie (qui fait la moitié du roman) et les 3 autres (la dernière n’était d’ailleurs composée que d’un épilogue). Là où j’attendais l’exotique, l’exploration, la découverte, tout s’enchaîne rapidement, avec des facilités, et, si le récit se rapproche de la fantasy, l’originalité s’est essoufflée.

Je suis sincèrement désolée de ce constat, mais je sais que ce tome plaira à beaucoup, quant à moi, je me laisserai tenter par le tome final !

En bref

Premier tome d’une duologie, Le Cercle des Géographes brasse esthétique et ambiance tout en clair-obscur. Le personnage masculin principal, Érèbe, un jeune homme vulnérable souffrant d’anxiété et écrasé par le point d’un traumatisme, est très attachant et évolue énormément. Malgré mon engouement du départ, à partir de la 2^ème partie, le récit amorce un déséquilibre qui m’a coupée de la psychologie des personnages, en plus de présenter plusieurs facilités, manquant de matières pour les mystères d’Exotica.

Néanmoins, je sais que ce tome plaira à beaucoup, quant à moi, je me laisserai tenter par le tome final !