Stéphane Fert, La Marche Brume - Tome 1 : Le souffle des choses, Éditions Dargaud, Hors Collection, 25 août 2023

4^ème de couverture

Un jour, la Brume a tout emporté. Oh, pas la petite broumaille du matin ou la semi-brume des lendemains de pluie, nooon ! La brouillase, la vraie. La purée de boue, la bouillie de chardon, noire et épaisse comme de l’encre en suspension. Celle qui engloutit tout.

Mais la Brume a aussi laissé quelque chose derrière elle. Une mutante, une ogresse, ou peut-être juste une petite fille qu’une sorcière bourrue va nommer Tempérance et qui sera élevée dans la tranquillité d’une sororité de joyeuses vieilles femmes. Et puis un jour, la Brume revient, la Brume veut reprendre…

Il est temps pour les sorcières de sortir les grigris, de se rappeler les vieilles incantations et des leçons de kung-fu pour se lancer dans une grande aventure qui changera le destin de la jeune Tempérance à jamais.

Un conte écologique moderne entre récit d’anticipation et fable écologique.

La Marche Brume Le Souffle des choses

Avant, on n'avait pas peur des forêts sombres et des vieilles croyances, des cris de bêtes qui déchirent la nuit et des ombres incertaines qui rôdaie...

https://www.dargaud.com/bd/la-marche-brume/la-marche-brume-le-souffle-des-choses-bda5428120

Avant-propos

Ayant beaucoup apprécié Morgane de Stéphane Fert et Simon Kansara, je n’ai pas pu passer à côté de La Marche Brume, projet 100% réalisé par Stéphane Fert. La couverture m’a aussitôt happée, et la 4^ème de couverture a réussi l’exploit d’augmenter mon enthousiasme !

J’ai été conquise par ce premier tome, qui allie de nombreuses thématiques pour un format généreux et aux illustrations et à la palette couleurs m’ayant de nouveau conquise.

Une lecture automnale, il va sans dire !

Mots clefs

Bande dessinée – sorcières – féminisme – éco-féminisme – fable écologique – rapport au vivant – fantasy – aventures – sororité – quête d’identité – quête de vérité – permaculture – kung-fu – utilisation de la magie – cérémonie – ogresse – cosy – humour – mystères – menace – combats

Mon retour

Dans la Brume, une enfant a été sauvée par une Brouche (sorcière) des griffes des Omis (les humains lambdas). La Brume, une quasi-entité maléfique qui fait muter la nature. Elle semble être née à notre époque, au temps de la pollution, des mégalopoles. Pour nous, le récit s’ancre dans une période post-apocalyptique. Quant à l’histoire de la Brouche et de l’enfant, nous voilà 18 ans plus. La petite, Tempérance, est devenue une belle ogresse, que Grisette, alias Mémé, initie au kung-fu, à défaut de lui enseigner la magie.

source image : https://www.dargaud.com/actualites/sorcieres-dans-la-brume-photo

Ici, la magie est à utiliser avec parcimonie, dans un point de vue d’équilibre avec le souffle de la vie. Ainsi, pour repousser l’avancée de la Brume, Grisette plante un nombre astronomique de courges (vous trouverez d’ailleurs dans ces pages plusieurs idées pour cuisiner ce légume). Grisette, c’est ce personnage génial et avant-gardiste : elle pédale sur un vélo sur son toit de chaume pour faire de l’électricité (faire chauffer la bouilloire, cuire sa tourte à la courge au four…). Son nom de Brouche est la Semeuse : elle connaît les plantes, elle est guérisseuse, et son potager est un joyeux patchwork de légumes, de fruits et de « mauvaises herbes ». En somme c’est la reine de la permaculture et de la sagesse, derrière son humeur bourrue.

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La cohabitation avec sa jeune protégée, Tempérance, n’est pas de tout repos. Car Tempérance est plutôt fougueuse et rêve d’apprendre la magie, de pouvoir couper par la forêt pour rendre visite et livrer du bois au reste de la sororité. C’est une relation mère/fille très forte : elles sont très différentes, toutes deux un peu au-delà de deux frontières distinctes, mais elles sont surtout tout l’une pour l’autre. Bientôt, c’est le moment de la cérémonie, Tempérance devenue femme, la voilà accueillie comme Brouche parmi toutes ces femmes Brouches qui sont devenues ses tantes au fil des ans. Juste avant, elle fait une étrange rencontre, puis lors de son rite d’initiation, elle est investie d’une terrifiante vision…

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Dès lors la Brume revient. Grisette a étudié la Brume pendant des années, sans rien trouver de congrès. Cette fois, elle est décidée à remonter à la source. C’est ainsi qu’elle prend la route, avec Tempérance, Asma la Sculpteuse, Ezilda la semi-sorcière et Hélène, une Omis qui était venue demander l’assistance de Mémé pour un avortement.

Le passé rattrape Grisette, compliquant sa relation avec Tempérance qui s’interroge énormément sur sa nature, sur sa place dans la sororité. Malgré cela, Tempérance est prête à tout pour protéger ses sœurs. Quel est son lien avec la Brume ? Qu’est-ce que Mémé ne lui a encore jamais révélé ? Les minions de la Brume et la créature qui lui rend visite dans ses songes sont-ils du même camp ?

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Après Morgane, Stéphane Fert nous propose ici un récit toujours féministe, avec une sororité de Brouches de tous les âges et de tous les caractères. La dimension de fantasy ouvre grand  la porte à de nombreuses réflexions : écologie, quête d’identité, lien avec la nature, épanouissement féminin, quête de vérité… Le dessin et la palette de couleurs sont un plaisir pour les yeux, mettant en lumière toutes les femmes, mais aussi la beauté mystique comme étrange de la nature, des paysages montagneux. En filigrane, la magie fait écho à la notion de pouvoir mais aussi de notre société matérielle et consumériste : ici son utilisation est parcimonieuse, respectueuse des autres et de la nature, à méditer.

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Les personnages sont haut en couleur, avec une inspiration des mangas d’action, les dialogues truculents, j’ai bien ri. L’humour réside aussi à la réappropriation des clichés autour des sorcières : la nudité, voler sur un balai… Et si les Brouches sont davantage bisexuelles, un homme qui s’affaire aux tâches ménagères en guise de paiement pour un service aura toutes ses changes de faire battre son cœur…

L’objet-livre regroupe 122 généreuses pages, que vient compléter un cahier de brouillon (recherches graphiques sur les personnages).

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En bref

Un premier tome au nombre de pages généreux qui nous offre un vaste programme de saison : sorcières, fantasy, éco-féminisme, rapport au vivant, humour, aventures, combats (kung-fu), sororité, mystères, idées de recettes à base de courges, quête d’identité et de vérité…

Le premier tome de La Marche Brume, est savoureux à tout point de vue : graphisme et palette de couleurs, thématiques, dialogues, en plus de faire la part belle à toutes les femmes.

Stéphane Fert se réapproprie certains clichés pour créer son propre univers, nous plongeant ainsi dans un monde à la fois cosy et bienveillant, coloré et en harmonie avec la nature, en même temps que menaçant, mystérieux et dangereux.

Je recommande et j’en redemande !

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