Ci-gît la mer

Publié le par Maude Elyther

Bertil Nilsson, Naturally (série)

Bertil Nilsson, Naturally (série)

« Nos chimères sont ce qui nous ressemble le mieux. »

Victor Hugo

Je vous présente ici mon manuscrit Ci-gît la mer, à travers le synopsis et des extraits.

Ci-gît la mer a été une longue aventure : un peu plus de deux ans d'écriture. J'y ai développé plusieurs personnages, autour de thèmes comme l'enfance, les secrets de famille, la santé mentale, les démons intérieurs, les chimères et les voyages oniriques. Les rêves et les cauchemars, l'inconscient donc, abordés à travers la métaphore de la mer.

Mon nouveau roman en cours, sans se vouloir obligatoirement une suite, reprend, pour le moment, un personnage de Ci-gît la mer, et s'il reste grandement imprégné d'onirico-fantastique et de voyages oniriques, c'est ici au tour de la cryptozoologie de brouiller la frontière entre le réel et les chimères... Mais je vous en parlerai plus tard, dans un autre billet.

Je vous laisse ici (re)découvrir l'univers de Ci-gît la mer...

Bon voyage,

Maude Elyther.

Bertil Nilsson, Naturally (série)

Bertil Nilsson, Naturally (série)

Synopsis

Le manoir de la famille P. est réputé pour ses histoires de meurtres : les zones d’ombre qui planent sont-elles le fruit de meurtriers, ou d’une forme de folie collective qui contaminerait la lignée ? Et que penser des bestiaires fantastiques, oniriques, ou encore monstrueux, qui couvent dans l’esprit de certains ?

Leurs peurs, leurs désirs, sont inextricablement liés à la figure de la mer. Par son onirisme, cette dernière hante les cauchemars, tente de séduire la conscience, surgit dans les peintures, dans les souvenirs et peurs d’enfance, au sein des fantasmes. Elle effraie le plus souvent pour mieux fasciner. De la vie qui naît d’elle, les illusions se font grondantes ; elle attire, pour une danse, attisant les pulsions, et la folie.

Ci-gît la mer

 Extraits

« Parfois il faisait ce même rêve. La mer. Elle lui manquait alors qu’il lui semblait que c’était dans une autre vie qu’il avait vécu auprès d’elle. Presque comme s’il ne l’avait jamais connue. Dans son sommeil il voyait de vastes océans que le ciel lui rappelait la journée. Une étendue immense face à laquelle il ouvrait les bras et qui le couvrait d’écume, fine brume de gouttelettes salées.

Et alors il était debout devant la fenêtre, il avait tiré les rideaux d’un geste brusque. C’était une nouvelle aube grise comme il les aimait. Le brouillard des arbres était pareil au tumulte des vagues et la ligne d’horizon était vague entre elles et le ciel mélancolique. La fraîcheur l’assaillit et déposa du bout des lèvres des paillettes de gel dans sa chevelure indisciplinée.

Et alors il se sentit guéri. Il n’avait plus cette racine mourante en lui qui menaçait sa longévité. Soudain il recouvrait sa jeunesse d’antan, alors qu’il n’était qu’un jeune garçon et regardait sa mère, si jeune elle aussi, qui observait le paysage par la fenêtre. Son jeu favori était de deviner ce à quoi elle rêvait, avec ce doux regard et ce sourire presque triste. »

 

« Des secrets. Encore et toujours des secrets. Des mystères. Comme de doux ou amers rêves. À n’en plus finir, pareils à une spirale, à sa valse tantôt calme, langoureuse, tantôt effrénée, vertigineuse. Le rêveur ne sait plus où donner de la tête, victime de cette danse ; de cet espace-temps avec lequel il tente de communier.

Ces visions, ces sensations, sont pareilles à une dame, fort belle, rayonnante ; mais hérissée d’épines, d’un regard froid et cruel, d’une bouche moqueuse. Car qui peut réellement l’atteindre ? L’étreindre véritablement, à lui en faire valser l’esprit à son tour ?

Ernest avait aimé cette femme, alors jeune fille, qui ne s’était pas reconnue. Avec passion et dévotion…jusqu’à ce qu’il perde le contrôle des rêves et qu’il se retrouve ébahi et contemplatif de ces autres mondes. Elle s’ignorait à cette époque-là, et pourtant elle était arrivée à lui, aiguillant sa folie à lui. Et puis était venue la fusion. De leurs cœurs, de leurs corps. »

 

« Elle avait été traumatisée par la mer, par les monstres que ses yeux d'enfant avaient vus et qui sévissent en tant qu'ogres, en tant que croques mitaines. Les eaux avaient tenté de l'intoxiquer, pour pouvoir la vider, l'utiliser comme pantin pour enquêter sur le monde terrestre. C'était un complot, Lila l'avait vite compris. Mais tout le monde était resté sourd à ses mises en garde, ses parents, les médecins qu'elle avait dû consulter. »

 

« Les jours suivants furent difficiles. Vauvert ne dormait presque plus. Et il engourdissait les articulations au niveau de sa main et de son poignet à force de gribouiller follement durant la nuit. Parmi les fouillis des traits, il ne distinguait aucun mot, aucune lettre, aucun chiffre, alors que d’ordinaire il en trouvait au moins un ou une sur l’un des nombreux feuillets qu’il remplissait dans son affolant état de transe ou de semi éveil.

Métaphores, ses obsessionnelles angoisses prenaient la forme de monstres, de formes cauchemardesques affublées de dents et d’un regard injecté de sang. Mais Vauvert ne parvenait réellement à les retranscrire sur papier : ses dessins ressemblaient à ceux d’enfants. On y voyait nettement d’angoissants cauchemars, cependant libre d’imaginer alors un croque-mitaine, la Faucheuse, des chevaux infernaux,…

Peurs enfantines, refoulement existentiel, angoisses d’adulte réhabilitées dans un univers de conte de fées pour diminuer le caractère angoissant et horrible de la réalité ? Le Docteur aurait pu se contenter d’être le patient, seulement jamais il ne consentirait à ce que son esprit et ses gribouillis soient psychanalysés. Il ne voulait pas savoir. Ce qu’il désirait, c’était trouver la source. Car ça allait se reproduire, les chiffres n’avaient pas menti jusqu’à présent. »

 

« Lila plissa les yeux, le parfum de l'iode soufflait, ses tempes pulsaient. La détermination imprégnait avec une obsession croissante ses sens : ses projections prenaient sans son contrôle les visages de la mer, changeante en chaque instant. La mer, cette matrice de chaos, noyau dans lequel gravitent les créatures monstrueuses originelles. Maîtresse sensuelle et maternelle de l'inconscient, des rêves. » 

Publié dans mes écrits

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