Mickaël Brun-Arnaud & Sanoe, Mémoires de la forêt - tome 1 : Les souvenirs de Ferdinand Taupe, Éditions L'École des Loisirs, collection Neuf, 16 mars 2022

illustration : Sanoe

4^ème de couverture

Dans la forêt de Bellécorce, au creux du chêne où Archibald Renard tient sa librairie, chaque animal qui le souhaite peut déposer le livre qu’il a écrit et espérer qu’il soit un jour acheté.

Depuis que ses souvenirs le fuient, Ferdinand Taupe cherche désespérément à retrouver l’ouvrage qu’il a écrit pour compiler ses mémoires, afin de se rappeler les choses qu’il a faites et les gens qu’il a aimés. Il en existe un seul exemplaire, déposé à la librairie il y a des années. Mais justement, un mystérieux client vient de partir avec…

À l’aide de vieilles photographies, Archibald et Ferdinand se lancent sur ses traces en forêt, dans un périple à la frontière du rêve, des souvenirs et de la réalité.

Mémoires de la forêt - Les souvenirs de Ferdinand Taupe

Dans la forêt de Bellécorce, au creux du chêne où Archibald Renard tient sa librairie, chaque animal qui le souhaite peut déposer le livre qu'il a écrit et espérer qu'il soit un jour acheté...

https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/memoires-foret-souvenirs-ferdinand-taupe

Avant-propos

Comme beaucoup, j’avais vu passer la sortie de ce roman jeunesse, illustré par Sanoe, avec animaux et bienveillance comme thématiques principales. À l’occasion du Salon du livres de Bondues (59) en mars de cette année, où Mickaël Brun-Arnaud était en dédicace, j’en ai profité pour me procurer les 2 premiers tomes, et je ne suis pas déçue !

L’auteur est libraire au magnifique Renard Doré (Paris) ; il a pris la plume durant le confinement, et depuis, 3 romans sont parus. À son côté, l’illustratrice Sanoe (illustratrice, entre autres, de la bande dessinée La Grande Ourse, sur un scénario d'Elsa Bordier) offre des tranches de vie colorées en parallèle du texte.

Quelques mots à propos de l’objet-livre : la présente édition propose une couverture à rabats, toutes les illustrations étant de Sanoe, douces, chaleureuses et colorées. J’adore la carte de la forêt figurant au début et qui retrace les lieux que partent découvrir Archibald et Ferdinand, certains et d’autres appartenant au passé de la taupe.

Mots clefs

Roman jeunesse – aventure – animaux anthropomorphes – animaux – animaux des bois – animaux des champs – souvenirs – mémoires – maladie d’Alzheimer – tranches de vie – amour – deuil – saisons – été – littérature – livres – arts – musique – salon de thé – cocooning – bonheur – famille – famille de cœur – amitié – quête d’identité

illustration de Sanoe

Mon retour

« Malade de l’Oubli-tout, Ferdinand était devenu une sorte de voyageur temporel, voguant entre les époques comme on passe d’un chapitre à l’autre du grand livre de la vie. Alors, quand il était égaré dans l’un de ces nombreux voyages, Archibald lui lançait des cordes pour qu’il revienne petit à petit, sans jamais le brusquer. »

Bienvenue à Bellécorce, au cœur de la forêt où les animaux des bois parlent comme vous et moi, apprécient les belles histoires, et aiment se retrouver autour d’un goûter. Que diriez-vous de pousser les portes de la librairie d’Archibal Renard ? Que vous soyez une souris ou un loup, le lieu est adapté à tous. Sur les rayonnages, vous pourrez choisir l’ouvrage qu’il vous plaît, contre la modique somme de 3 noisettes, ou alors proposer celui que vous avez écrit… C’est un véritable lieu de mémoires car de nombreux récits autobiographiques, réflexifs ou métaphysiques remplissent les étagères sculptées à même l’intérieur du tronc du chêne.

C’est ici que démarre le récit. Archibald, distrait par un client ennuyeux, il faut le dire, fait une entorse à sa rigueur en vendant un ouvrage à un animal qu’il n’identifie pas. Outre de culpabiliser pour son manque de professionnalisme, cet incident va trouver un enchaînement totalement imprévu. Le livre acheté a, en réalité, été écrit par Ferdinand Taupe, un vieil ami du renard. Totalement désorientée, la taupe confie qu’elle souffre de la maladie de l’Oubli-tout : ses souvenirs s’effacent, et plus encore. Pour l’aider à retrouver sa mémoire, Ferdinand a besoin du texte qu'a écrit Ferdinand, Mémoires d’outre-terre, justement vendu à un acheteur inconnu.

Désireux de venir en aide à son ami égaré, Archibald tente d’en savoir plus. C’est ainsi qu’il apprend avec stupeur que Ferdinand a vraisemblablement une épouse, Maude. Maude, cette présence chaleureuse et bienveillante qui plane autour de Ferdinand. Même s’il ne se souvient plus exactement de qui elle est, le profond attachement envers elle prévaut. Dans les affaires de la taupe, qui porte toujours une demi-coquille de noix sur le dos tel un sac, les deux amis découvrent des photographies. Sur celles-ci, apparaissent Ferdinand et Maude, jeunes et heureux. Toutefois, la taupe ne reconnaît pas les lieux où ont été pris les clichés. Alors lorsque le renard découvre au verso dates et lieux, ils se décident à quitter Bellécorce pour se rendre à ces différents endroits. Qui sait, cela ravivera sans doute la mémoire de Ferdinand, comme ils retrouveront l’acheteur du livre de la taupe. Car ils en sont sûrs, si cet animal a acheté Mémoires d’outre-terre, c’est pour retracer le parcours de la taupe.

Du salon de thé de Pétunia, au concert Duchêne, en passant par Brocantaupe ou encore par La retraite des plumes, une retraite littéraire pour les auteurs, nos deux amis remontent les souvenirs de Ferdinand Taupe.

Fort de son ancienne expérience de psychologue auprès de personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, Mickaël Brun-Ferdinand retranscrit, à travers l’amitié d’Archibald et Ferdinand, toute la tendresse, les hauts et les bas d’une relation envers un proche atteint de cette pathologie. Car la maladie de l’Oubli-tout incarne bien ici la maladie d’Alzheimer, qui peut faire peur, décourager. Avec patience et douceur, le renard libraire accompagne Ferdinand à la recherche de ses souvenirs les plus précieux, avant qu’il ne soit trop tard : via des songes symboliques, les portes des souvenirs sont de plus en plus nombreuses à se fermer au nez de la taupe.

À destination des jeunes à partir de 9 ans, ce récit ravira également toute le monde. Que ce soit par les nombreuses découvertes, les relations entre les personnages (amitié, famille de cœur, grand amour), les sujets difficiles abordés avec douceur (maladie d’Alzheimer, deuil). À l’image des illustrations tendres et colorées de Sanoe qui parsèment le roman, Mickaël Brun-Arnaud distille ce qui constitue le bonheur : tous ces petits moments où l’on prend plaisir à partager un thé et un goûter avec ses amis, ses proches, les nouvelles découvertes (lieux, personnes…), les sujets qui rapprochent, qui passionnent (les arts, les livres). Le bonheur, c’est de profiter du temps présent, de ces moments qui paraissent hors du temps, superposés à notre quotidien.

En remontant ses souvenirs auprès de son ami Archibald, Ferdinand retrouve une famille, des personnes ayant marqué sa vie et inversement, qu’il avait oubliées, toutes sont présentes et vont l’aider dans sa quête. Certains souvenirs sont plus que douloureux, mais il n’est pas seul.

« — L’audace, ce n’est pas de se forcer à faire ce que l’on n’aime pas faire, c’est d’avoir le courage de changer les choses. » dit Maude.

En bref

Dans ce premier tome des Mémoires de la forêt, Mickaël Brun-Arnaud nous présente le duo Archibald Renard et Ferdinand Taupe, deux amis qui partent en quête des souvenirs du second, souffrant malheureusement de l’Oubli-tout (maladie d’Alzheimer). Leurs aventures sont ponctuées de hauts et de bas, mais la douceur demeure et cimente leur lien.

Alors qu’ils remontent les souvenirs de la taupe, nos deux amis rencontrent des animaux du passé de Ferdinand, retraçant petit à petit la piste vers Maude, cette présence qui ne quitte jamais la taupe.

Avec tendresse et bienveillance, l’auteur nous conte les liens de tous ces animaux, nous plongeant dans une ambiance chaleureuse, familière avec la multiplication des thés gourmands à partager entre amis et famille de cœur. Bien sûr, tout n’est pas rose, mais le fatalisme ne prime jamais, inculquant le mantra de profiter du moment présent pour être heureux.

Le récit déroule un joli univers : tolérance, entraide, gourmandise, saison (ici l’été, mais où l’on profite encore des bolets et des châtaignes pour, par exemple, se préparer une soupe réconfortante), tea time, arts, librairie et livres, écriture, amis, famille (de sang comme de cœur)… Le tout en axant sa thématique principale sur la maladie de l’Oubli-tout qui peut faire peur et décourager les accompagnants.

L’on sent que cet univers est à l’image de son auteur : ancien psychologue auprès de personnes souffrant notamment de la maladie d’Alzheimer, reconverti en libraire puis prenant en parallèle la plume. Bref, ne cherchez pas plus loin : Archibald Renard est Mickaël Brun-Arnaud dans notre dimension.